Le Seppuku, en tant que rituel des japonais, témoigne d’une époque où honneur, devoir et loyauté jouaient un rôle primordial.
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Alors que les Occidentaux utilisent le terme « hara-kiri » pour désigner le suicide rituel, les Japonais n’emploient cette expression qu’avec une connotation méprisante et péjorative.
Ils emploient plutôt le terme Seppuku pour décrire la forme rituelle de suicide par éventration, qui a émergé au Japon au XIIe siècle parmi les samouraïs. L’un des exemples les plus connus de seppuku obligatoire est lié à l’histoire des 47 ronin.
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Étant un moyen de suicide extrêmement douloureux et lent, il était une manière efficace de démontrer le courage, la maîtrise de soi et la forte résolution du samouraï et de prouver la sincérité de son intention.
Le Seppuku est donc lié au code d’honneur du guerrier japonais, le Bushido, qui exigeait une mort sans trahison des valeurs morales du samouraï.
Ce rituel a été officiellement abolie par les Japonais en 1873. Bien que la pratique ait été largement abandonnée, le rituel du suicide reste important dans la société japonaise contemporaine.
🗡️ Étymologies du Seppuku et Hara-kiri
Ces deux termes illustrent la dualité de prononciation de mêmes idéogrammes.
Seppuku
Le terme japonais pour le Seppuku (切腹), est plus formel et utilisé dans les textes écrits et officiels. Il est formé en combinant les lectures on du chinois des caractères 切 ( couper ) et 腹 ( ventre ).
Hara-kiri
Le terme populaire harakiri (腹切り), utilisé dans le langage parlé japonais, il est formé en combinant les lectures kun japonaises des caractères 腹 ( ventre ) et 切 ( couper ).
Différence entre Seppuku et Hara-kiri
Seppuku et Hara-kiri, littéralement « ventre coupé » ou « incision de l’abdomen » représentent donc 2 termes distincts aux kanji inversés pour décrire une action similaire.
Au delà du vocabulaire, la différence entre Seppuku et Hara-kiri est plus de l’ordre de l’imaginaire des japonais, Seppuku représentant un geste plus noble qu’Hara-kiri, ce dernier terme étant plutôt péjoratif.
🗡️ Origine, Contexte et Pratique du Seppuku
L’origine du seppuku remonte au XIIe siècle et était initialement pratiquée par des femmes en Chine.
Ce serait en 1156 que le daimyo de Minamoto aurait exécuté le premier seppuku de l’histoire japonaise pour éviter la captivité, être capturé étant considéré comme une honte.
Au Japon, cette pratique s’est développée parmi les samouraïs et les guerriers, en partie grâce à l’éthique guerrière codifiée par le confucianisme et exprimée dans le Hagakure.
Les femmes de la classe des samouraïs se sont également livrées au suicide rituel, appelé jigai, mais au lieu de se trancher l’abdomen, elles se taillaient la gorge avec un petit poignard ou une dague.
La fin de l’époque d’Edo et même celle de l’ère Meiji qui lui succéda ont été marquées par de nombreux cas de seppuku, laissant ainsi une forte empreinte dans la mémoire collective japonaise.
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Au cours de l’histoire récente du Japon, il y a eu plusieurs cas documentés de seppuku volontaire. L’un des exemples les plus célèbres s’est produit en 1945, lorsque le Japon faisait face à la défaite à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Un certain nombre d’officiers militaires et de civils ont choisi de commettre le seppuku, un rituel de suicide, pour préserver leur honneur et leur loyauté plutôt que de vivre sous le joug de l’ennemi.
Un autre cas récent bien connu remonte à 1970, lorsque le romancier Mishima Yukio a pratiqué le seppuku en signe de protestation contre ce qu’il percevait comme la perte des valeurs traditionnelles au sein de la société japonaise.
Pratique du Seppuku
L’acte du suicide honorable est réalisé dans certaines circonstances spécifiques, telles qu’une défaite au combat ou pour critiquer ouvertement le shogun. C’est une façon de se repentir d’un péché impardonnable, volontaire ou accidentel.
Une grande importance était accordée à la bonne exécution de la cérémonie.
Avant de se suicider, le samouraï devait procéder à un rituel de purification qui impliquait de se laver les mains, la bouche et les narines, ainsi que de nettoyer rituellement la lame elle-même. Ensuite, le samouraï avait le choix entre méditer brièvement ou composer le dernier couplet, appelé « Jisei No Ku », qui était une chanson d’adieu au monde.
Traditionnellement, le Seppuku était réalisé pour libérer au mieux l’énergie et l’âme du suicidé, il se réalisait en public dans un temple en ouvrant l’abdomen à l’aide d’un wakizashi ou parfois d’un poignard tanto.
Le rituel était généralement effectué en présence d’un témoin envoyé par la hiérarchie du suicidé.
La méthode appropriée pour commettre l’acte – développée sur plusieurs siècles – consistait à enfoncer la lame dans le côté gauche de l’abdomen, à tirer la lame latéralement vers la droite, puis à la tourner vers le haut. Peu de personnes parvenaient à terminer le rituel jusqu’au bout.
Une version plus douloureuse et exemplaire consistait à planter à nouveau sous le sternum et d’appuyer vers le bas sur la première coupure, puis de percer sa gorge pour marquer sa volonté d’expiation.
Dans certains cas un kaishakunin (介錯人) est désigné pour accomplir la décapitation de la personne qui pratique le seppuku, au moment ou une fois qu’elle s’est éventrée (comme en image d’introduction).
Le rôle du KaishaKunin est d’une importance capitale. Il doit allier compassion (souvent un ami proche du praticien du Seppuku, soucieux de lui éviter une longue souffrance) avec une technique et une force adéquates pour accomplir la décapitation.
Il permettait ainsi pour une mort instantanée et ainsi éviter la torture. Ce rituel était autorisé uniquement lorsque la personne pratiquait le seppuku pour se débarrasser d’une honte.
🗡️ Symbolisme du Seppuku (Hara-kiri)
Le Seppuku a joué un rôle important dans la culture japonaise, avec différentes formes de suicide reflétant des motivations variées, allant de l’expérience de honte à l’expression d’un dévouement absolu. Ils pouvaient être volontaire comme obligatoire.
L’honneur, exigeant et rigoureux, se concrétise dans l’abnégation et le sacrifice de soi, et trouve ses origines dans l’esprit guerrier des samouraïs, synthétisé dans leur code bien connu, le Bushido.
L’honneur revêt également un caractère social impérieux, comme le montre la terminologie associée au suicide, telle que « inseki jisatsu » (pour éviter la honte) ou « gyokusai » (pour l’honneur).
De nombreux Japonais pensent encore que l’esprit humain est influencé par des actions positives et bienveillantes, représentées par le concept de « sayake », ainsi que par des actions négatives et malhonnêtes, représentées par le concept de « kagare ».
Selon la philosophie du bouddhisme zen, le ventre occupe une place centrale, symbolisant l’énergie vitale la volonté, le courage et les émotions, c’est donc par ce biais que l’homme noble se devait de mourir.
Bien que la pratique du Seppuku ait presque disparu de nos jours, son impact sur la société japonaise contemporaine reste profond.
Aujourd’hui ce rituel semble avoir été remplacé par d’autres formes de retrait de la vie publique, telles que la démission chez les dirigeants et les hommes politiques, souvent accompagnée d’excuses publiques et télévisées.
De nombreux suicides sont encore associés à l’idée de réparation d’une faute ou de prise de responsabilité. Lorsque le concept d’honneur est crucial pour une personne, certaines considèrent le seppuku comme une option morale, en raison de son enracinement dans la mémoire collective de la société japonaise.
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