Le jeu sort sous pression. Après des reports, l’échec de Star Wars Outlaws en 2024 et des vagues de licenciements, Ubisoft joue gros.
Quand un jeu vidéo devient sujet de débat au plus haut niveau de l’État, c’est qu’il touche une corde sensible. Ce mercredi, le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a été interpellé sur Assassin’s Creed Shadows lors d’une conférence officielle.
Oui, Ubisoft et son dernier opus se retrouvent au centre d’une discussion politique : entre préoccupations touristiques et respect du patrimoine historique.
🏯 Un jeu sous tension : polémiques et maladresses
Depuis son annonce, Assassin’s Creed Shadows divise. Plongée dans un Japon féodal stylisé, cette nouvelle aventure a déjà essuyé plusieurs critiques au pays du Soleil-Levant. Parmi les griefs :
- Des inexactitudes historiques qui font grincer des dents certains historiens et passionnés. Ubisoft a tenté de calmer le jeu en rappelant que son œuvre reste une fiction, pas un documentaire.
- Une erreur dans une campagne promotionnelle utilisant sans permission un drapeau d’un groupe de reconstitution historique.
- Un tollé autour d’une statuette collector retirée de la vente : elle représentait un torii à une jambe, référence involontaire au sanctuaire Sannō de Nagasaki, haut lieu de mémoire post-atomique.
Ubisoft a multiplié les excuses, mais l’affaire a pris une nouvelle ampleur avec les déclarations d’un politicien puis du premier ministre japonais actuel.
⚖️ Le Premier ministre réagit : un débat sur le vandalisme touristique
Tout a commencé avec Hiroyuki Kada, un homme politique japonais en campagne pour les prochaines élections. Lors d’un meeting budgétaire, il a lâché une question inattendue : « Et si les joueurs, en défonçant des shrines dans le jeu, se mettaient à faire pareil dans la vraie vie en visitant le Japon ? »
L’idée qu’un jeu puisse inciter au vandalisme des temples historiques a de quoi surprendre. C’est un peu comme accuser GTA de transformer ses joueurs en braqueurs de banques. Mais pour Kada, l’inquiétude est réelle, notamment pour le sanctuaire Itatehyozu à Himeji, qui figure dans le jeu et semble malmené dans certaines séquences de gameplay.
Face à cette interpellation, le Premier ministre Ishiba a joué la carte de la prudence :
« Détruire un sanctuaire, c’est hors de question, c’est une insulte à la nation. Mais il faut qu’on en discute avec les ministères compétents. »
Autrement dit, il ne critique pas directement le jeu, mais exprime des préoccupations sur un possible impact dans le monde réel.
🌍 Tourisme et surtourisme : le vrai enjeu
Si Assassin’s Creed Shadows se retrouve au cœur du débat, c’est surtout parce qu’il soulève une problématique bien plus large : le surtourisme. Depuis la réouverture post-pandémie et avec un yen faible, le Japon connaît un afflux massif de visiteurs étrangers. Résultat :
- Des lieux emblématiques bondés, au point que certains temples restreignent l’accès.
- Une hausse des actes irrespectueux, comme des graffitis ou des comportements inappropriés dans des sanctuaires.
- Une pression croissante sur les habitants et les autorités locales.
Kada semble donc profiter de la controverse autour du jeu pour mettre en lumière ces préoccupations. Mais son raisonnement fait débat : un jeu vidéo peut-il réellement inciter à de tels comportements ?
🎮 Ubisoft ajuste le tir
Ubisoft, visiblement conscient du risque, a anticipé une partie des critiques. Un patch day-one inclut plusieurs ajustements :
- Sanctuaires indestructibles : impossible de saccager les lieux sacrés en jeu.
- Moins de violence dans ces zones : limitation du sang et des affrontements violents près des temples.
- Respect des sensibilités locales : corrections de certaines références culturelles problématiques.
Mais la communication d’Ubisoft reste floue. Pour l’instant, on ignore si ces modifications s’appliquent uniquement à la version japonaise ou au monde entier.
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