L’Asie de l’Est entre dans une nouvelle ère où les lignes rouges bougent, mais où mémoire, alliances et géopolitique forment l’équilibre.

Et si le Japon devenait (presque) nucléaire ? Ce qui relevait hier du tabou absolu devient aujourd’hui un débat ouvert dans les cercles politiques de Tokyo et Séoul.
Pourquoi ce basculement ? Que signifie-t-il pour la stabilité régionale ? Et jusqu’où ces pays sont-ils prêts à aller ?
🎬 Un déclic inattendu dans une brasserie de saké
L’été 2025 a marqué un tournant. Dans un manoir britannique transformé en brasserie de saké, la parlementaire japonaise Rui Matsukawa (PLD) lâche une bombe :
« Plan B : devenir plus indépendant… et peut-être nucléaire. »
Ce n’est pas une provocation gratuite. Derrière cette déclaration se cache une prise de conscience : l’ombrelle américaine, garante de la sécurité nippone depuis la Guerre froide, semble aujourd’hui plus fine… voire percée.
🌏 Pourquoi ce débat ressurgit ?
Avec le retour possible (ou probable) d’une politique « America First », les alliés asiatiques des États-Unis, Japon et Corée du Sud en tête, doutent :
Les Américains viendraient-ils vraiment si ça chauffe ?
C’est cette incertitude stratégique qui pousse Tokyo et Séoul à réévaluer leurs options, de la dissuasion renforcée à… un éventuel partage nucléaire.
🚢 Le “modèle Busan” : la visite qui change tout
En juillet 2023, l’escale à Busan du sous-marin nucléaire USS Kentucky (une première depuis les années 1980) marque un tournant :
dissuasion visible, sans base permanente.
Tokyo observe, prend note et imagine ce scénario comme un compromis acceptable.
☢️ La Chine et la Corée du Nord comme accélérateurs
- Chine : avec environ 600 ogives nucléaires en 2025 (et +100/an), Pékin fait gonfler l’arsenal qui croît le plus vite au monde. Tokyo sent la pression monter.
- Corée du Nord : Kim Jong-un répète à l’ONU qu’il ne renoncera jamais à la bombe. Personne n’y voit un simple bluff.
🗳️ Opinion publique : fracture entre Tokyo et Séoul
En 2025, 76,2 % des Sud-Coréens soutiennent le développement d’un armement nucléaire national. L’idée n’est plus marginale : elle devient majoritaire.
Au Japon, le tabou se fissure doucement. On ne parle pas encore de bombe “made in Japan”, mais d’assouplissement des principes historiques (ne pas posséder, produire, ni introduire) via une réinterprétation juridique.
🧭 3 options sur la table au Japon
Option | Description | Avantages | Freins |
---|---|---|---|
1. Dissuasion étendue + stéroïdes | Consultation nucléaire poussée avec les USA (à la manière de la Washington Declaration sud-coréenne) | Crédibilité sans changer la doctrine | Reste dépendant des USA |
2. Nuclear sharing à l’asiatique | Escales de sous-marins US, planification conjointe, entraînements | Plus rapide, politiquement plus acceptable qu’un armement national | Heurte les “Trois principes” |
3. Armement indigène (Plan Z) | Le Japon développe sa propre bombe nucléaire | Indépendance stratégique totale | Coût politique, diplomatique et symbolique énorme (Hiroshima, NPT…) |
🔍 Pourquoi l’escale de Busan inspire Tokyo
L’escale de l’USS Kentucky a validé 3 points clés pour les Japonais :
- Dissuasion démonstrative sans base permanente
- Réversibilité en cas de crise diplomatique
- Clarté stratégique pour Pyongyang et Pékin
Résultat : ce modèle devient la référence pour envisager un durcissement défensif, sans renier les fondements pacifistes du pays.
🧨 Hiroshima : la limite morale
Impossible d’envisager un débat nucléaire sans évoquer Hiroshima et Nagasaki. Le Japon reste le seul pays victime d’une attaque nucléaire, et la mémoire collective en est profondément marquée. Ce traumatisme structure le débat et impose une exigence éthique :
plus de sécurité, oui — mais sans trahir l’ADN pacifiste.
🧠 Ce qu’il faut retenir
- Le Japon explore aujourd’hui des options jadis impensables : escales nucléaires US, nuclear sharing, coordination renforcée.
- La Chine accélère : ~600 ogives en 2025, des ICBM en route pour 2030.
- 76,2 % des Sud-Coréens veulent leur propre bombe, mais l’État reste fidèle à l’ombrelle US.
- Le modèle “Busan 2023” devient une référence pour Tokyo : dissuader sans baser, montrer sans provoquer.
- Le facteur Hiroshima impose une prudence stratégique et une narration politique contrôlée.
❓Les questions à venir
- Tokyo et Séoul iront-ils jusqu’au partage nucléaire officiel ?
- Les États-Unis accepteront-ils une corédaction des plans nucléaires avec le Japon ?
- La Chine répondra-t-elle par l’escalade ?
Ce qu’on observe en 2025 n’est pas encore un virage nucléaire, mais un basculement mental profond. Le Japon et la Corée du Sud reconfigurent leurs imaginaires stratégiques, poussés par une Amérique moins fiable, une Chine plus pressante et une Corée du Nord totalement nucléarisée.
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