🎭 Découvrir l’Art du Kamishibai : Le Théâtre de Papier Japonais

Le Kamishibai, terme japonais signifiant « théâtre de papier », est une forme d’art narratif traditionnel nippon.

Kamishibai japon

Le kamishibai (紙芝居, « théâtre de papier ») est une forme de conte performé : le narrateur fait défiler des planches illustrées dans un butai, petit castelet en bois, tout en racontant l’histoire à voix haute. Côté public : l’image en grand format.

Côté conteur : au dos de chaque planche, le texte et une vignette de repère pour gérer rythme et enchaînements. Les planches publiées suivent des formats standard (environ 26,5 × 38,2 cm) et des séries de 8, 12, 16, 24 feuillets ; les butai sont dimensionnés pour ces formats.

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Le charme du kamishibai tient au mouvement : on glisse lentement la prochaine image, on retire l’ancienne, on marque un silence pour laisser l’œil lire. Les associations professionnelles au Japon recommandent d’ouvrir les trois volets du butai progressivement, de rester à côté de la scène (et non caché derrière), et d’utiliser sa voix naturelle pour laisser l’image travailler l’imagination.

🎭 Origines et Histoire du Kamishibai

Bien avant le XXᵉ siècle, le Japon connaît des traditions de récits par l’image : les moines bouddhistes pratiquent l’etoki (« explication d’images ») en s’appuyant sur des emaki, rouleaux illustrés des XIᵉ-XIIᵉ siècles. Ces pratiques d’explication d’images à un public souvent illettré sont l’ancêtre culturel du kamishibai moderne.

Bien qu’ayant traversé une période de déclin, le kamishibai a connu un renouveau à la fin du XIXe siècle, coïncidant avec l’avènement du cinéma au Japon.

Le kamishibai de rue surgit à Tokyo autour de 1930. Les conteurs se déplacent à bicyclette, frappent des hyōshigi (claquettes de bois) pour rassembler les enfants, vendent quelques bonbons (leur « billet » d’entrée), puis jouent l’épisode du jour. Le style de narration s’inspire du cinéma muet japonais et de ses narrateurs benshi : intonations, apartés, effets sonores.

Pour les connaisseurs, on lit parfois que La Chauve-souris d’or (Ōgon Bat) serait née en 1923. Les sources convergentes situent sa création en 1930-1931, dans le kamishibai, et en font l’un des tout premiers super-héros costumés.

Au pic de sa popularité, vers 1950, on compte environ 3 000 conteurs à Tokyo et 50 000 dans tout le pays. Le médium touche large : aventures, westerns, ninjas, récits historiques… et même l’« actualité du soir ». Mais il sert aussi la propagande pendant la guerre, tandis que des pédagogues défendent une pratique éducative pour transmettre des valeurs et apprendre à « lire » l’image.

Dès l’arrivée de la télévision, on la surnomme denki kamishibai (« kamishibai électrique ») — signe de la proximité d’usage et de cadre. La TV précipite le déclin des spectacles de rue ; nombre d’illustrateurs migrent alors vers le kashihon manga (manga de location) puis l’édition. Parmi eux : Mizuki Shigeru, Kojima Gōseki et Shirato Sanpei, futurs piliers du manga.

🎭 Comment Fonctionne le Kamishibai ?

La Structure d’un Kamishibai

Un Kamishibaï typique se compose d’un ensemble de planches cartonnées, numérotées, qui racontent une histoire.

Le côté visible par le public de ces planches est entièrement consacré à l’illustration, tandis que le verso contient le texte, clairement écrit, et une petite reproduction en noir et blanc de l’illustration visible par les spectateurs.

La narration dans le Kamishibai est un art en soi. Le narrateur doit non seulement lire le texte, mais aussi manier les planches de manière à créer un flux captivant et dynamique.

En effet dans le kamishibai, la transition entre les planches ne s’effectue pas comme le tournage d’une page de livre. La nouvelle planche s’intègre graduellement à la scène précédente. Il est crucial que le conteur suive les instructions scéniques fournies par l’éditeur.

La méthode de transition varie : elle peut être lente et continue, se faire par étapes marquées par des traits de repère pour créer du suspense, ou rapide pour surprendre…

butai Kamishibai

Le Butai : Cœur du Kamishibai

Le butai (舞台), élément central du Kamishibai, est un théâtre en bois ou en carton, à trois ou deux portes, conçu spécifiquement pour la présentation des histoires.

Il est souvent équipé de petits volets ou de glissières pour faciliter le défilement des planches cartonnées de 37 x 27,5 cm en papier.

Une fois ouverts, ces volets latéraux stabilisent le butai. Un conteur, situé derrière le butai, peut ainsi lire son texte grâce à un espace prévu à cet effet.

🎭 Le Kamishibai Aujourd’hui

Avec le temps, le Kamishibai a évolué et s’est adapté à des contextes modernes. Depuis les années 1970, le kamishibai s’est étendu à travers le monde et s’est adapté aux spécificités culturelles de chaque pays.

Bibliothèques, écoles, hôpitaux, EHPAD, centres sociaux : le kamishibai favorise l’attention collective, la lecture d’images, l’oralité, la créativité (les enfants écrivent et illustrent leurs propres histoires) et se prête aux contextes multilingues.

Des éditeurs spécialisés (comme Dōshinsha) et l’IKAJA (International Kamishibai Association of Japan) diffusent des œuvres, des formations et des normes de pratique.

kamishibai moderne

Le kamishibai est moins un « livre illustré » qu’un art du temps : il sculpte l’attention par les entrées/sorties d’images, la respiration et l’adresse au public. Héritier des rouleaux peints et cousin du cinéma muet, il a irrigué l’éducation et laissé une empreinte profonde sur le manga et l’anime modernes.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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