🔥 Jigoku : Les films japonais d’un enfer bien terrestre

Les film Jigoku – “Enfer” en japonais – font partie de ces œuvres troublantes et dérangeantes, où l’horreur dépasse la simple fiction.

Il est des films qui, en une seule vision, marquent à jamais. Comme une main glacée posée sur l’épaule, ils nous happent dans un cauchemar où l’interdit se mêle à l’inéluctable.

Dans cette exploration de Jigoku, nous verrons comment le titre, porté à l’écran en 1960 par Nobuo Nakagawa puis revisité en 1999 par Teruo Ishii, propose une vision unique de l’enfer : à la fois métaphysique et profondément humain.

🎭 1960 : Jigoku, l’enfer comme châtiment moral

Le Jigoku de Nobuo Nakagawa s’inscrit dans une époque où le cinéma japonais commence à flirter avec l’horreur graphique. Produit par la Shintōhō, le film suit Shirô Shimizu (Shigeru Amachi), un étudiant maudit après avoir causé un accident mortel aux côtés de son mystérieux camarade Tamura (Yôichi Numata).

D’abord frappé par une série de tragédies – la mort de sa fiancée, l’empoisonnement de ses proches –, Shirô sombre progressivement jusqu’à être littéralement précipité en enfer. Nakagawa ne fait pas dans la demi-mesure :

  • Corps démembrés
  • Âmes tourmentées bouillies dans des marmites
  • Bébés hurlants flottant sur des rivières de sang

Ce déferlement de souffrances, inspiré des représentations bouddhiques de l’Au-delà, en fait l’un des premiers films gore du cinéma japonais. Mais plus qu’un simple choc visuel, Jigoku explore une idée obsédante : l’enfer n’est pas seulement un lieu après la mort, mais aussi un état psychologique, une culpabilité qui ronge jusqu’à la damnation.

💀 Une malédiction qui frappa aussi son studio

Ironie du sort, la Shintōhō, en grande difficulté financière, mise tout sur Jigoku pour attirer le public. Mais le film, aussi audacieux soit-il, ne suffit pas à sauver la compagnie, qui fait faillite peu après sa sortie. Comme si l’enfer mis en scène avait dévoré ses propres créateurs…

🎥 1999 : Jigoku ou l’enfer moderne et sectaire

Près de 40 ans plus tard, un autre maître du cinéma d’exploitation japonais, Teruo Ishii, revisite Jigoku à sa manière. Son film, sous-titré Hell à l’international, ne se contente pas de réinterpréter l’œuvre de Nakagawa : il la projette dans une réalité encore plus troublante, celle du Japon des années 90.

🏴 Une horreur inspirée d’un drame réel

Dans cette version, l’histoire suit Rika, une jeune fille de 16 ans piégée dans une secte dirigée par Kasahara, un gourou manipulateur. Mensonges, abus de pouvoir, relations perverses : Ishii met en scène un enfer bien réel, dans une société marquée par le traumatisme des attentats au gaz sarin perpétrés par la secte Aum en 1995. Visuellement, Ishii pousse encore plus loin l’excès :

  • Couleurs saturées (rouge, orange, noir) évoquant les estampes infernales
  • Figures grotesques, ogres flamboyants et âmes damnées
  • Absence totale de justice, où la souffrance semble éternelle

Ishii ne cherche pas à terrifier avec du réalisme : il plonge dans un cauchemar psychédélique, où l’horreur devient une expérience sensorielle…

Ces deux films nous rappellent une vérité troublante : l’enfer n’est jamais aussi effrayant que lorsqu’il s’infiltre dans la réalité. Un cauchemar qui, selon les époques et les regards, change de visage, mais conserve toujours la même emprise sur l’âme humaine.

Et si Jigoku nous marque autant, c’est peut-être parce qu’au moment où l’on croit fuir cet enfer… on réalise qu’il n’a jamais été aussi proche.

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