Si vous tenez à vivre une expérience inoubliable sans mettre en danger la faune ni vous-même, privilégiez les excursions encadrées !

La scène semble sortie d’un conte de voyage japonais : des ours bruns au détour d’un sentier, des visiteurs en quête de clichés inoubliables… et des sacs de chips tendus comme des offrandes. Pourtant, derrière ce tableau « instagrammable » se cache une mécanique bien plus sombre — une mécanique qui tue.
Bienvenue à Shiretoko, un joyau sauvage classé au patrimoine mondial de l’UNESCO… et aujourd’hui, le théâtre d’une crise à la croisée du tourisme, de l’écologie et de la cohabitation animale.
🏔️ Une rencontre mortelle au sommet du mont Rausu
Le 14 août 2025, un jeune randonneur de 26 ans est attaqué et tué par une ourse sur les pentes du mont Rausu, à Hokkaidō. L’animal, connu localement comme « la mère d’Iwaobetsu », n’avait pourtant jamais montré d’agressivité. Alors, que s’est-il passé ?
Les ONG et les autorités pointent une habitude qui tue : des touristes l’auraient nourrie à plusieurs reprises. La conséquence ? Un ours qui ne fuit plus l’homme… jusqu’au jour où la frontière bascule. La femelle et ses deux petits seront abattus peu après. L’analyse ADN confirmera son implication.
Shiretoko, vitrine de l’écotourisme japonais, devient malgré lui un symbole : celui d’une faune rendue dangereuse par une fascination humaine mal encadrée.
🐾 Avant le drame : l’ombre de « Rusha Taro »
Shiretoko avait déjà son fantôme : un vieil ours surnommé « Rusha Taro », ou « RT ». Entre 2018 et 2021, ce mâle famélique a attaqué plusieurs chiens, rôdant près des habitations. Sa fin, en 2022, illustre un autre visage du problème : quand un ours ne trouve plus à manger dans la nature, il s’approche — et s’adapte.
Derrière « RT », il y a le reflet d’un système en crise. Pénurie de nourriture, expansion humaine, poubelles accessibles : autant d’invitations à franchir la ligne.
⚠️ Un système à bout de souffle
Sur le papier, la loi japonaise interdit depuis 2022 de nourrir ou de s’approcher des ours. Mais sur le terrain ? Les patrouilles n’ont aucun pouvoir de sanction. Résultat : 70 comportements à risque recensés en 2024 autour des ours, et une impuissance criante des autorités.
Jet de nourriture depuis une voiture, selfies à quelques mètres, camping sauvage… Chaque action renforce la « boucle d’habituation » : un ours qui associe l’humain à la nourriture est un ours dangereux — et souvent condamné.
📈 Une vague nationale d’attaques
Ce qui se passe à Shiretoko n’est que la partie visible d’une tendance plus large. En 2023, le Japon a enregistré 212 blessés et 6 morts liés aux ours, un triste record. Loin des sentiers touristiques, ce sont souvent les habitants ruraux qui paient le prix : fermiers, cueilleurs, retraités.
Parmi les cas marquants : un ours qui fait irruption dans un supermarché à Akita. Le gouvernement assouplit alors les règles de tirs d’urgence en zone habitée, signe que la situation échappe peu à peu au contrôle.
Mais pourquoi maintenant ? Trois raisons principales :
Facteur | Impact |
---|---|
🌰 Récoltes irrégulières | Moins de nourriture naturelle pour les ours |
🏚️ Déprise rurale | Villages déserts, friches attirant la faune |
🧔 Moins de chasseurs | Moins de régulation, population d’ours en hausse |
🍪 Le vrai prix d’un snack
Ce n’est pas un hasard si la tragédie a frappé Shiretoko. Le Japon vend une image douce de sa faune : les cerfs dociles de Nara, les lapins câlins d’Ōkunoshima… Mais l’ours brun n’est ni un animal de compagnie, ni un décor de selfie.
Un paquet de chips ouvert, un geste anodin, une photo volée trop près : chaque action individuelle alimente une chaîne qui peut finir dans le sang. Pour l’humain comme pour l’animal.
Et après ? Fermeture de sentiers, tirs ciblés, études comportementales… Mais cela ne suffira pas si le comportement des visiteurs ne change pas.
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