☸️ Japon : l’émergence du bouddhisme et des guerres de religion

Des guerres de religion à la symbiose entre kami et bouddhisme Voici un article sur l’émergence de la religion de bouddha au Japon.

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Depuis l’Inde, le bouddhisme s’est déplacé à travers la Chine, l’Asie du Sud-Est et la Corée, avant d’arriver au Japon pendant l’époque d’Asuka.

C’est une époque assez courte de l’histoire japonaise. Elle s’étend de 552 à 645 et marque l’arrivée du bouddhisme dans l’archipel nippon.

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Ce dernier est donc arrivé assez tardivement, au milieu du 6ème siècle, avec des prêtres coréens et chinois… mille ans après l’apparition de la religion en Inde.

Le bouddhisme fût transmis de la cour de Liang, en Chine du Sud, au Japon en passant par la Corée de Paekche. Ainsi, la première version du bouddhisme que le Japon a reçue était une forme qui était alors à l’âge d’or du bouddhisme.

Pendant cette période, la péninsule coréenne est divisée en 3 royaumes (Koguryo, Paekche et Silla) et est en proie à des luttes internes. Le Paekche, de plus en plus menacé par le Koguryo, cherche l’appui de l’empereur japonais.

Selon le Nihon Shoki, le bouddhisme aurait précisément été introduit à la cour Yamato au milieu du 6ème siècle, dans la treizième année du règne de l’empereur Kinmei en l’année 552.

Le roi Songmyong de Paekche aurait envoyé un émissaire de haut niveau pour obtenir le soutien de l’empereur Kinmei en raison de ses problèmes avec le royaume de Silla.

Avec sa deuxième mission, le chef Asuka a reçu une image de Shaka Butsu en or et en cuivre, plusieurs drapeaux et parapluies et des sutras bouddhistes.

Les cadeaux étaient accompagnés d’un message vantant le fait que l’adoption des enseignements bouddhistes lui conférerait « des trésors à profusion ». Le message incitait l’empereur Yamato à recevoir les enseignements du bouddhisme, en l’incitant à croire que la richesse, la sagesse et la réalisation de tous ses souhaits attendaient le croyant.

À partir de ce moment, un flux constant d’ambassades et d’émissaires est arrivé de Paekche apportant avec eux divers objets rituels bouddhistes et des textes de sutra.

Cependant, les premières rencontres avec le bouddhisme n’ont pas été appréciées par tous les japonais…

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De nombreux clans considéraient le bouddhisme comme une invasion culturelle étrangère et pensaient qu’en embrassant cette religion étrangère, ils offenseraient les kami du shintoïsme.

Des hauts ministres et chefs de clans se sont opposés à son introduction en arguant que les rois de ce pays ont toujours organisé des rites saisonniers en l’honneur des nombreux kami pour qu’il ne soient pas en colère.

Selon le Nihon Shoki, alors que l’empereur Kinmei (欽明天皇) venait d’introduire des rituels bouddhistes, une épidémie frappa le Japon de sorte que la nouvelle religion fut accusée d’avoir provoqué la colère des kami.

L’empereur Kinmei fut contraint d’apaiser les kami en faisant jeter les statues bouddhistes dans le canal Naniwa et en brûlant une pagode récemment construite. Le Nihon shoki rapporte les événements de manière dramatique, en disant que ce jour-là, les vents soufflaient et la pluie tombait sous un ciel clair.

Notez qu’il existe un récit légèrement différent dans les archives de l’ancien texte boudhique japonais Gango-ji engi (元興寺伽藍縁起并流記資財帳), la version des événements situe l’introduction du bouddhisme en 538 et situe la suppression du bouddhisme en 569 et la lie à l’exécution de Soga no Iname (蘇我稲目) dans les derniers mois du règne de Kimmei, et non à l’épidémie de peste. Le Gango-ji engi est en contradiction avec le Nihon shoki selon lequel les reliques bouddhiques et les prêtres ont été présentés à la cour impériale, dans la mesure où il rapporte qu’ils ont été amenés au Japon en réponse à une demande envoyée à Paekche.

Les historiens sont aujourd’hui d’accord pour dire que le Nihon shoki embellit les événements entourant l’introduction du bouddhisme au Japon. Cependant, les spécialistes admettent également que le roi Songmyong de Paekche a bien envoyé des images et des textes bouddhiques au roi Yamato.

On pense que la présentation des textes et des statues bouddhistes a été suivie d’un conflit sur son acceptation et que Soga no Iname du clan Soga avait fait pression pour l’adoption officielle du bouddhisme allant de pair avec la langue chinoise.

Les querelles entre factions au sujet de l’acceptation du bouddhisme au Japon ne fessaient que commencer.

☸️ L’époque d’Asuka et des guerres de clans

Ces événements étaient une épreuve de force entre les principaux clans et communautés japonaises le culte des kami et des groupes (alors moins nombreux) dirigés par le clan Soga.

Ces derniers bénéficiaient cependant d’avantages continentaux importées et de l’éducation associée à la religion bouddhiste.

En 587, les partisans du bouddhisme du clan Soga ont remporté une bataille des clans et finirent par vaincre les Monobe et leur chef.

Les fervents partisans du shintoïsme étaient défaits. Ce triomphe des Soga s’incarne dans l’avènement de l’impératrice Suiko. Elle nomma son neveu, le prince Shotoku Taishi, régent.

impératrice Suiko

Le règne de ces deux personnages marque alors pour le Japon le début d’une ère de réforme sur le modèle chinois. Néanmoins la société japonaise resta divisée, 2 sources différentes d’autorité spirituelle motivaient des affrontements dues aux différences entre les 2 cultes…

Les historiens considèrent aujourd’hui ces années initiales du bouddhisme, antérieures à 645, comme une période où la diffusion et le parrainage du bouddhisme des Soga ont largement profité aux Soga et à leurs alliés.

La construction des premiers complexes de temples ujidera était parrainée et contrôlée par ces clans vainqueurs. Cependant, jusqu’en 645, aucun souverain impérial (y compris l’impératrice Suiko) n’avait directement parrainé ou participé au culte bouddhiste.

Le temple Asuka-dera de Soga était au centre du système émergent de complexes de temples dominant le cœur de la nouvelle capitale Asuka. La nouvelle religion était clairement un symbole et une affirmation de la richesse et de la puissance du clan Soga.

Asuka-dera

L’impératrice Suiko (ou d’autres souverains impériaux) craignait certainement qu’une religion d’État bouddhiste dont l’autorité spirituelle était entre les mains du clan Soga et de son grand prêtre puisse submerger l’autorité divine du clan impérial.

De toute évidence, les conflits au sujet du bouddhisme ont déclenché des batailles féroces entre les principaux clans et les partisans du gouvernement impérial.

Soga no Emishi et Soga no Iruka ont donc orchestré la fin tragique du fils du prince Shotoku, le prince Yamashiro.

Pourquoi le clan Soga s’était-il si violemment opposé à la succession imminente du prince Yamashiro au trône, alors qu’il était censé être un fervent adepte du bouddhisme ?

Les Soga avaient compris qu’un empereur qui serait acquis à la cause du bouddhisme déposséderait l’actuel chef du clan Soga de l’autorité sacrée au profit de l’empereur.

L’assassinat du prince Yamashiro par Soga déclenche à son tour un coup d’État. L’empereur Kotoku monta sur le trône et commença à être un protecteur du bouddhisme au Japon :

empereur Kotoku

Le conflit a également montré comment la force du culte des kamis avait envahi tous les aspects de la vie dans le segment de la société japonaise, et le rôle bien ancré des souverains impériaux en tant que prêtres et prêtresses héréditaires du culte des kamis.

☸️ Des liens toujours étroits entre les kamis et le bouddhisme

Malgré le rejet initial du bouddhisme, l’ancienne croyance et la profonde tradition selon laquelle les kami possédaient le pouvoir d’améliorer la vie des japonais, ont paradoxalement rendu les Japonais plus réceptifs aux rites bouddhistes.

Le système de croyance shintoïste a favorisé la réceptivité du Japon aux formes magiques et populaires du bouddhisme.

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Le grand temple Hokoji (connu aujourd’hui sous le nom d’Asukadera) fut construit à a cette époque sur le territoire d’Asuka afin de manifester le soutien du clan Soga au bouddhisme.

L’activité de construction de tombes de l’ère précédente pris brusquement fin et toutes les énergies étaient désormais canalisées vers la construction de temples. Au fur et à mesure que le bouddhisme se répandait, le gouvernement de l’impératrice Suiko créait des bureaux pour superviser la communauté religieuse, confiant la responsabilité à des prêtres de confiance.

Sous le règne de l’impératrice Suiko, en 623, un recensement religieux a été effectué et a révélé l’existence de 46 temples, 816 prêtres et 569 nonnes.

La construction de l’Ikarugji – rebaptisé plus tard temple Horyuji – est devenu l’une des icônes les plus anciennes de la culture bouddhiste de la nation japonaise. Il est célèbre pour être la plus ancienne structure en bois existant aujourd’hui dans le monde.

L’architecture et les sculptures du temple Horyuji révèlent la grande influence internationale des enseignements bouddhistes à l’apogée d’Asuka. L’architecture révèle que le bouddhisme a apporté à Asuka une culture nouvelle concernant la médecine, l’irrigation, l’ingénierie…

Horyuji

Le bouddhisme était devenu une force importante de contact avec les peuples culturellement et technologiquement plus avancés du continent asiatique.

Bon nombre de lettrés chinois vont se rendre au Japon et s’y installer définitivement. Ces mouvements de population ont été importants pour l’enracinement du boudhisme au Japon.

Les factions dirigeantes l’ont utilisé non seulement pour des raisons de foi, mais aussi comme outil politique efficace et bouclier contre les épidémies et les catastrophes naturelles.

Au cours des décennies suivantes, le bouddhisme a continué à bénéficier du soutien du gouvernement central. De nouveaux temples, plus grands, ont été construits, avec un nombre croissant de prêtres et adeptes. Les textes des sutras bouddhistes et autres objets religieux affluant de l’étranger.

Le mouvement bouddhiste le plus populaire de l’époque – le bouddhisme ascétique des montagnes – était associé à des montagnes où des kami particuliers étaient censés résider.

Malgré les construction de temples et si le bouddhisme s’est répandu au Japon, l’activité religieuse la plus profonde et la plus répandue est restée le shintoïsme.

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Le rituel bouddhiste était considéré comme similaire au shintoïsme, car tous deux mettaient l’accent sur les bénédictions divines. Finalement, en raison du lien étroit entre le culte des kamis et la diffusion du bouddhisme, des doctrines nouvelles se sont développées.

Appelées fusion kami-bouddha (shinbutsu shugo), elles impliquent des idées telles qu’un kami particulier et le Bouddha existant comme un seul corps (shinbutsu dotai) et un kami manifestant l’essence de Bouddha (honji suijaku) :

shinbutsu shugo

C’est comme cela que les sanctuaires et les temples en sont venus à être compatibles, certains sanctuaires appelés jinguji ont désormais même leurs propres temples, tandis que d’autres temples bouddhistes sont gardés par des kami.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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