Voilà un film à recommander aux amateurs d’humour plutôt grinçant, aux passionnés de cinéma décalé et japonais.

Le cinéma japonais nous a habitués à des pépites hors normes, où le bizarre flirte avec le génie. Mais avec Big Man Japan (Dai Nipponjin), premier long-métrage de l’humoriste Hitoshi Matsumoto, on franchit un cap inédit.
Faux documentaire, critique sociale, parodie de kaiju eiga, ce film hybride met en scène un super-héros aussi pathétique qu’oublié, payé au lance-pierre pour affronter des monstres géants en CGI volontairement miteux.
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Le résultat ? Une explosion de non-sens aussi hilarante que grinçante. Accrochez-vous, car ce film est un pur OVNI cinématographique.
🦸♂️ Kaiju, Sentai et big-bang de la dérision
Dès les premières minutes, Big Man Japan nous immerge dans un faux documentaire, caméra à l’épaule, où l’on suit Masaru Daisatō, quarantenaire minable vivant seul dans une bicoque au bord d’une voie ferrée. Mal aimé de son entourage et méprisé par le grand public, il traîne sa misère… sauf que Masaru n’est pas un simple loser : c’est un super-héros étatique chargé de défendre le Japon contre les “Nuisibles”, des monstres titanesques ravageant les villes.
Matsumoto pastiche ici avec brio les classiques du kaiju eiga (Godzilla) et les séries de super-sentai (Ultraman, Bioman), mais en les plongeant dans une banalité crasse. Masaru, loin d’être un justicier charismatique, n’est qu’un fonctionnaire sous-payé, affublé de sponsors ringards placardés sur son corps.
Quand il se transforme en Big Man Japan en recevant une décharge électrique, on pourrait s’attendre à des combats épiques… mais on obtient des affrontements ridicules, où les CGI approximatifs amplifient l’absurdité. Le résultat ? Un cocktail explosif de gêne et de rire nerveux.
👾 Monstres tordus et satire assumée
Les adversaires de Big Man Japan méritent une mention spéciale. Imaginez un bébé géant, des créatures obsédées par l’accouplement ou encore des monstres tellement grotesques qu’on les croirait issus des cauchemars d’un étudiant en art conceptuel en plein burn-out.
C’est laid, c’est volontairement cheap, et c’est précisément ce qui rend l’ensemble si attachant. Matsumoto pousse le grotesque à l’extrême, comme pour nous crier : “C’est moche, c’est absurde, c’est humain… et alors ?”
Derrière cet humour absurde, le film cache une critique acerbe du star-système nippon. Masaru est un héros fatigué, méprisé par son propre pays, un symbole d’un système qui broie ses idoles après les avoir élevées au rang de divinités.
🎥 Un documentaire fictif qui cartonne tout
La mise en scène façon documenteur renforce la satire. L’interviewer suit Masaru avec une curiosité presque zoologique, comme s’il observait une bête en cage. Sauf qu’ici, la bête est censée sauver le Japon… alors que plus personne ne le regarde.
On le voit errer dans son quotidien fade, gérer des problèmes familiaux, se faire humilier par des bureaucrates, et se voir convoqué à intervalles réguliers pour affronter des monstres dont tout le monde se fiche. C’est l’image d’un système qui ne respecte plus ses héros, et qui, une fois leur utilité passée, les laisse sombrer dans l’oubli.
Le Japon ne veut plus de Big Man. Et nous, on rit jaune devant son naufrage.
🤔 L’hypothèse One-Punch Man et L’Attaque des Titans
Difficile de ne pas voir un écho entre Big Man Japan et One-Punch Man, apparu peu de temps après. Un super-héros blasé, englué dans une bureaucratie lourdingue, dont les exploits laissent le monde indifférent ? La comparaison est inévitable.
Quant aux monstres humanoïdes étrangement dérangeants, L’Attaque des Titans n’est peut-être pas si éloignée. Matsumoto aurait-il involontairement inspiré l’un des mangas les plus marquants des années 2010 ? Impossible à affirmer, mais l’idée titille l’esprit…
Après le choc initial, une chose est sûre : ce film marque les esprits. Big Man Japan est une critique mordante de la célébrité, du star-système et de l’oubli, emballée dans une parodie de kaiju eiga où chaque plan suinte l’absurde.
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