Oui, ce sont les fans du monde entier qui font aujourd’hui battre le cœur de l’animation japonaise.

Un chiffre à retenir ? 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont 56 % à l’international.
L’anime, ce n’est plus juste une passion d’initiés ou une sous-culture réservée aux fans des premiers jours. En 2024, c’est un phénomène culturel global, une machine économique redoutable… et surtout, une industrie d’export qui fait jeu égal avec les plus grands blockbusters occidentaux.
📊 Le boom de l’anime en chiffres : une industrie portée par l’étranger
Le rapport 2024 de l’Association of Japanese Animations (AJA), présenté lors du marché professionnel TIFFCOM, envoie un message clair : le moteur de la croissance, c’est l’international.
- Chiffre d’affaires total (2024) : 25 milliards $
- Revenus à l’international : 14,25 milliards $ (56 %)
- Revenus au Japon : 10,97 milliards $ (44 %)
Autrement dit, sans les fans de Paris, São Paulo, Jakarta, Los Angeles ou Riyad, les courbes de croissance seraient à plat. En 2023, l’international représentait déjà une majorité (51 %). En 2024, c’est une domination franche.
🌍 Pourquoi le reste du monde est devenu essentiel à l’anime japonais
Le vrai tournant a eu lieu en 2020, en pleine pandémie. À ce moment-là, les plateformes comme Netflix, Crunchyroll, Prime Video ou Disney+ accélèrent la diffusion simultanée d’anime dans le monde entier. C’est la naissance du simulcast global, avec une qualité d’image digne du cinéma… et des fans qui regardent en même temps que les Japonais.
Résultat : en 2024, la croissance est quasi entièrement tirée par les ventes de droits à l’étranger. En clair, vendre aussi l’univers autour de l’anime, pas seulement les épisodes.
🏛️ L’État japonais entre dans la danse : cap sur la stratégie “New Cool Japan”
Ce boom tombe à pic. Le gouvernement relance sa politique de rayonnement culturel, renommée New Cool Japan Strategy. L’objectif ? 130 milliards $ à l’export d’ici 2033 pour les contenus culturels japonais (anime, manga, jeux…).
Ce qui est notable, c’est que le discours officiel évolue : plus question de lisser ou censurer l’anime pour le rendre “exportable”. Le ministère de l’Économie évoque même l’idée de ne pas interférer dans la création, pour préserver ce qui rend l’anime unique (et parfois bizarre). Une vraie rupture par rapport aux années 2010.
🏢 Les studios s’internationalisent (mais tous n’en profitent pas)
Lors de TIFFCOM, les mastodontes Bandai Namco, Toho Global et Studio4℃ ont partagé leurs stratégies : sortir des frontières de la TV japonaise, créer des films internationaux, signer des partenariats globaux, organiser des événements IRL.
Par exemple, Studio4℃ a présenté ChaO, déjà vendu dans plus de 20 pays avant même sa sortie. C’est le nouveau modèle : penser international dès le départ.
Mais il ne faut pas se laisser aveugler par les chiffres : beaucoup de petits studios galèrent, étouffés par des plannings inhumains et des revenus très inégalement répartis. Le rapport AJA parle de la taille du gâteau, mais pas de qui en mange vraiment.
🇯🇵 Le Japon devient un “marché mature” pour son propre anime
Le paradoxe, c’est que le Japon consomme déjà énormément d’anime, et ne peut plus croître aussi vite. En 2024, les revenus domestiques ont à peine bougé (+2,8 %). On reste sur des succès comme Demon Slayer: Mugen Train, mais l’explosion, elle, est finie.
L’avenir, pour les studios, se joue hors des frontières.
🌐 Ce que ça change (peut-être vous !)
Bonne nouvelle : vous avez plus de pouvoir que jamais. Si plus de la moitié des revenus viennent de l’international, les studios vous regardent, vous écoutent, et créent aussi pour vous.
Voici ce que cela implique :
- 🎬 Plus de séries et films pensés pour un public global, sans perdre l’âme japonaise (espérons).
- 🗓️ Davantage d’événements IRL : 160 événements anime dans 50 pays en 2024, et ce n’est qu’un début.
- 🛍️ Plus de produits dérivés officiels : fin du tout-importé ou du marché gris ?
- 📺 Plus de concurrence entre plateformes : bonne nouvelle pour les abonnés, chacun veut l’anime le plus cool dans son catalogue.
⚠️ Le risque d’une standardisation
Mais attention : si l’anime devient trop calibré pour plaire partout, on risque de perdre ce qui faisait sa force – ses bizarreries, ses lenteurs, ses risques narratifs. Les plateformes imposent parfois un rythme, un format, un style “bingeable”.
Le gouvernement dit “on ne va pas interférer”. Mais le marché, lui, interfère toujours un peu.
Le vrai challenge ? Garder l’âme de l’anime tout en parlant au monde entier.
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