Voici pourquoi ce joli coin de Kanagawa songe à couper le son du « Slam Dunk ».

Kamakura, paisible cité balnéaire au riche patrimoine historique, fait aujourd’hui face à une célébrité dont elle se serait bien passée.
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Le boom du tourisme post-Covid, dopé par la nostalgie des animes et la soif d’Instagrammabilité, a transformé un simple passage à niveau en zone à haut risque… sanitaire, logistique et même spirituel.
🌍 Un tourisme en pleine explosion : succès à double tranchant
Avec près de 37 millions de visiteurs étrangers en 2024, le Japon a battu tous ses records. En août 2025, la fréquentation a encore grimpé de près de 17 % par rapport à l’année précédente. Kamakura, à une heure de Tokyo, sent chaque jour cette pression : en un an, le nombre de touristes étrangers y a bondi de +42 %.
Mais ce n’est pas seulement l’histoire ou la mer qui attire. C’est aussi la pop culture. En tête d’affiche : le passage à niveau de Kamakura-Kōkō-Mae, immortalisé dans le générique culte de Slam Dunk. Résultat : jusqu’à 200 personnes à l’heure de pointe qui se massent pour capturer LE cliché iconique : mer, rails et train rétro.
🚽 Toilettes vandalisées, photos à tout prix et chaos logistique
Sur les réseaux, le lieu paraît idyllique. En vrai, c’est plus compliqué…
Face aux dégradations (toilettes bouchées, déchets jetés dans les cuvettes), la station Kamakura-Kōkō-Mae a fermé ses sanitaires fin avril. Un panneau multilingue indique désormais : « Pas de toilettes ici ». Ambiance tendue.
Les touristes, parfois inconscients du danger, débordent sur la route pour leur photo souvenir. Des agents doivent intervenir pour éviter des accidents. Et ce n’est pas qu’une histoire d’incivilités mineures : certains utilisent un robinet funéraire pour se rincer les pieds, d’autres abandonnent bento et bouteilles en plein site historique.
🛕 Le temple dit stop
Tout près du spot Slam Dunk, le temple Kenshō-ji subit de plein fouet cette célébrité mal maîtrisée. Le prêtre en chef, Nobukiyo Hiroaki, n’en peut plus : panneaux ignorés, déchets jetés n’importe où, zones interdites franchies… et pire encore.
Des visiteurs ont été surpris à uriner dans les buissons. Le temple retrouve même des bouteilles remplies d’urine (surnommées « golden bottles ») et des sachets noués. Le problème dépasse l’atteinte au sacré : en été, ces déchets peuvent exploser, dégageant des odeurs insupportables.
Des riverains dénoncent l’invasion de leurs propriétés privées. La ville elle-même reconnaît que la situation devient critique.
🛑 Kamakura envisage des mesures chocs pour stopper l’hémorragie
Jusqu’ici, la mairie a misé sur la pédagogie : panneaux, caméras, agents… Mais l’heure est au durcissement.
L’exemple de Fujikawaguchiko, où la ville a installé un rideau noir pour cacher la vue sur le Mont Fuji, fait école. Kamakura songe à des solutions similaires, même si cela briserait l’esthétique du lieu.
En août, les toilettes de Kamakura-Kōkō-Mae ont rouvert, avec horaires réduits et surveillance constante. Mais cela reste un test. Si les comportements ne changent pas, des mesures encore plus radicales pourraient tomber.
🤔 Pourquoi ça dérape
- Attrait massif : animes + Instagram + proximité de Tokyo
- Infrastructures limitées : peu de toilettes, pas de zones piétonnes dédiées, collecte des déchets dépassée
→ Résultat : saturation, débordements, tensions
🙋♀️ Et nous, les visiteurs ?
En tant que visiteurs, notre rôle est crucial. Si l’on veut continuer à marcher dans les pas de Slam Dunk sans enlaidir les lieux ou faire fuir les habitants, il va falloir prouver qu’un tourisme de fans peut rimer avec intelligence, éducation et design urbain durable.
Quelques gestes simples suffisent à changer la donne :
- Pensez à aller aux toilettes avant d’arriver.
- Ne marchez pas sur la route pour prendre une photo.
- Respectez les zones funéraires (pas de rinçage de pieds aux robinets de temple).
- Ramenez vos déchets avec vous.
- Ne survolez pas les lieux avec des drones.
- Priorité à la sécurité : un selfie ne vaut pas une collision.
Derrière les clichés viraux se cache une ville qui souffre. Kamakura n’a pas signé pour devenir un décor figé de réseaux sociaux. Elle mérite respect, attention et responsabilité.
Sinon ? La prochaine photo sera floue ou derrière un rideau.
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