Et si, derrière ce record, se cachait une combinaison subtile de mode de vie, génétique, services de santé, et cohésion sociale ?
Le Japon s’apprête à franchir une barre symbolique : près de 100 000 centenaires recensés en 2025. C’est plus qu’un chiffre impressionnant — c’est un miroir tendu à nos sociétés vieillissantes.
📊 Des chiffres qui donnent le tournis
Chaque année depuis 55 ans, le Japon voit son nombre de centenaires grimper.
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En 2025, l’archipel en compte 99 763, soit +4 644 par rapport à l’année précédente. Un chiffre impressionnant, mais encore plus frappant : 88 % sont des femmes.
Quelques repères :
| Indicateur | Valeur |
|---|---|
| Nombre total de centenaires (2025) | 99 763 |
| Part de femmes | 88 % (87 784) |
| Part d’hommes | 12 % (11 979) |
| Centenaires pour 100 000 hab. | ≈ 80,6 |
| Nombre d’années de hausse consécutives | 55 |
🥢 Lifestyle VS Génétique : le match nul le plus long de l’histoire
🧘 Côté mode de vie : une hygiène de vie exemplaire
Le style de vie japonais coche bien des cases :
- Faible taux d’obésité (4–5 % contre 25–30 % dans l’OCDE)
- Activité physique quotidienne élevée (marche, jardinage, etc.)
- Portions alimentaires modestes, riches en légumes
- Alcool modéré, tabac en baisse
Des pratiques culturelles comme le “hara hachi bu” (s’arrêter de manger à 80 % de satiété) ou encore la recherche de sens via l’ikigai renforcent ce socle quotidien.
⚠️ Mais attention au mythe : des études récentes nuancent l’image idéalisée d’Okinawa, où l’occidentalisation affecte déjà les jeunes générations.
Des études ont mis en avant certains gènes associés à la longévité, notamment FOXO3, observé chez les centenaires japonais. D’autres polymorphismes semblent protéger contre des maladies comme Alzheimer.
Mais rien d’automatique : c’est la combinaison gènes + mode de vie qui semble vraiment faire la différence.
🏥 Une santé universelle (jusque dans le salon)
Le Japon ne mise pas que sur les bentos et les gènes. Il dispose aussi d’un système de santé robuste :
- Couverture santé universelle depuis 1961
- Assurance dépendance depuis 2000 (Kaigo Hoken)
- Ticket modérateur réduit pour les personnes âgées (10 %)
- Soins à domicile largement accessibles
Résultat : vieillir chez soi est possible, encadré, et même encouragé. Des infirmières itinérantes et des services de proximité viennent régulièrement assurer le suivi.
🧑🤝🧑 Famille, communauté : les piliers invisibles du très grand âge
Contrairement à certaines idées reçues, tous les centenaires japonais ne vivent pas en établissement. Environ la moitié vit encore à domicile, souvent entourée de proches.
La culture de la coresidence intergénérationnelle reste bien ancrée, même si elle s’effrite dans les grandes villes. Fait étonnant : les dépenses médicales sont moins élevées pour les plus âgés (105-109 ans) que pour les plus jeunes du “grand âge”, signe d’une vieillesse suivie, mais pas surmédicalisée.
👵 La doyenne du Japon ? Une médecin de 114 ans
Elle s’appelle Shigeko Kagawa, a 114 ans, et vit dans la préfecture de Nara. Ancienne obstétricienne-gynécologue, elle a continué à pratiquer jusqu’à ses 80 ans. Son secret ? “Marcher beaucoup pendant mes visites pour me faire des jambes solides”. Une phrase simple, mais qui en dit long sur l’approche japonaise du vieillissement : l’autonomie d’abord.
⚖️ Le revers de la médaille : crise démographique silencieuse
Vivre longtemps ne résout pas tout. En 2024, le Japon a enregistré à peine 721 000 naissances, contre 1,6 million de décès. Résultat : la population nationale a diminué de plus de 900 000 personnes.
Le Premier ministre Shigeru Ishiba parle d’“urgence silencieuse”, entre manque de main-d’œuvre, pression sur les retraites, et baisse de la natalité. Les réponses tardent : crèches gratuites, horaires plus souples… mais pas encore de rebond démographique en vue.
🇫🇷 Et la France ?
Avec environ 31 000 centenaires en 2024, la France suit la même pente… en moins abrupt. Là aussi, les femmes sont majoritaires, et les enjeux sont similaires : comment adapter notre système de santé, notre urbanisme, nos politiques familiales et notre culture du care à une population qui vieillit ?
✅ Ce que le Japon fait mieux (pour l’instant)
| Atout japonais | Description |
|---|---|
| Hygiène de vie | Faible obésité, alimentation sobre, activité physique quotidienne |
| Culture de la parcimonie | Hara hachi bu, ikigai, petits plaisirs modérés |
| Système de santé universel | Accessible, préventif, centré sur le domicile |
| Appui communautaire | Famille, voisins, solidarité informelle encore vivante |
| Génétique favorable (pour certains) | Gènes protecteurs comme FOXO3 repérés chez les centenaires |
🧭 Une longévité record… et un immense défi
Frôler les 100 000 centenaires, c’est une victoire sanitaire. Mais c’est aussi un stress-test sociétal. Comment financer cette longévité ? Comment recréer du lien intergénérationnel dans des villes où l’isolement guette ? Et comment faire en sorte que vivre vieux rime avec vivre bien ?
En observant le Japon, nous avons peut-être un laboratoire à ciel ouvert… mais aussi un miroir de nos propres défis.
🔎 Pour aller plus loin
- Ministère japonais de la Santé (MHLW) — données officielles
- OECD — comparatifs internationaux
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