🕵️ Le parc Ōkubo : de la prostitution de rue à l’attraction nocturne

Aujourd’hui, il devient malgré lui un point d’intérêt controversé, mêlant réalité sociale crue et voyeurisme touristique.

parc Ōkubo

Le parc Ōkubo, coincé entre le quartier coréen de Shin‑Ōkubo et l’électrique Kabukichō, est longtemps resté discret.

Situé au cœur de Shinjuku, ce petit parc n’a jamais eu de prétention touristique. Pourtant, à la tombée de la nuit, il se transforme. Depuis des années, le lieu est associé à la tachinbo — la prostitution de rue illégale. Mais ce qui change, c’est le public : de plus en plus de touristes étrangers s’y rendent, attirés par des récits postés sur les réseaux sociaux, par simple curiosité ou en quête de sensations fortes.

Des vidéos TikTok, ou encore des photos Instagram participent à une nouvelle forme de promotion involontaire du lieu, qualifiée par certains de « tourisme sombre ».

🚨 Quand la curiosité tourne au drame

Entre mai et juin, quatre femmes ont été arrêtées près du parc. Leur cible ? Des étrangers, pensant qu’ils ne porteraient pas plainte. Mais la police a rapidement contredit cette croyance : douze signalements ont été enregistrés, incluant des cas de vol, escroquerie et même d’agressions.

Plus globalement, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur 75 femmes arrêtées dans le cadre de la prostitution de rue dans cette zone en seulement six mois, 40 % ont mentionné des dettes contractées dans les host clubs — ces établissements où les clientes paient pour la compagnie d’hommes séduisants. L’âge moyen ? 25 ans. Pire encore, neuf mineures figuraient parmi elles.

Derrière cette réalité se cache un cycle dangereux : l’endettement mène à la prostitution, souvent sans protection, dans un milieu de plus en plus risqué et incontrôlé.

💬 Une réputation qui dérange

Cette situation commence à inquiéter les autorités et ternit l’image soigneusement entretenue du Japon. Dans un pays où l’ordre, la sécurité et la politesse sont souvent brandis comme valeurs nationales, voir des étrangers diffuser des images de la prostitution de rue n’est pas simplement gênant : c’est internationalement embarrassant.

Le Japon est d’autant plus démuni que sa loi sur la prostitution est très spécifique : seul le rapport sexuel tarifé est illégal. Tout ce qui l’entoure — massages, rendez-vous via applis de rencontres (deai‑kei), accompagnement — reste toléré dans le flou juridique des fūzoku (services sexuels commerciaux non pénétratifs).

🧭 Une zone entre deux mondes

La zone autour du parc Ōkubo est une frontière floue. D’un côté, Kabukichō, ses bars, ses hôtesses, ses hôtels de passage. De l’autre, Shin‑Ōkubo, haut lieu de la pop culture coréenne. Et au centre, Ōkubo la nuit, où se croisent espoirs brisés, économies parallèles, et smartphones qui filment tout.

Le décor est brut : des jeunes femmes, seules, dans l’ombre. Des touristes qui filment, parfois sans comprendre. Des panneaux d’avertissement, des caméras, des regards échangés. C’est une économie de survie qui se heurte à une curiosité globale malsaine.

Le parc Ōkubo n’a jamais été pensé comme une destination touristique. Pourtant, il le devient — malgré lui, et à quel prix. Attirés par l’interdit, certains voyageurs y cherchent plus qu’un frisson : une immersion dans ce qu’ils perçoivent comme une réalité « cachée » du Japon.

Mais cette réalité est bien moins glamour qu’elle n’y paraît. Les femmes impliquées sont souvent vulnérables, exploitées par la dette ou des réseaux plus obscurs. Le public, parfois inconscient, participe à la banalisation d’un phénomène dangereux.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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