L’Ainu renaît. Et pas seulement grâce aux militants ou aux enseignants. Un nouvel allié improbable s’en mêle : l’intelligence artificielle.

Le magnétophone crache un souffle blanc. Puis, soudain, une voix ancienne traverse le temps, raconte des histoires de loups chanteurs et d’esprits de la forêt. Maya Sekine ferme les yeux : ces contes-là, en Ainu, berçaient son enfance. Une langue que le Japon a voulu effacer.
🔥 L’Ainu, une langue au bord du gouffre
Pendant plus d’un siècle, l’État japonais a systématiquement interdit l’Ainu : plus de langue à l’école, plus de chants rituels, plus de droits. Résultat ? En 2025, on compte à peine une poignée de locuteurs natifs.
L’UNESCO la classe “critically endangered”, au même niveau que certaines espèces animales en voie d’extinction. Ce n’est qu’en 2008 que le Japon reconnaît l’Ainu comme langue autochtone, et en 2019 qu’une loi lui accorde un statut officiel.
Mais une langue n’est pas qu’un dictionnaire : c’est une façon de vivre, de rire, de cuisiner, de raconter.
🤖 Quand l’IA devient archiviste… et griot
Imaginez : des centaines d’heures de cassettes poussiéreuses, enregistrées dans des cuisines enfumées, numérisées et analysées par des algorithmes. À Kyoto, le professeur Tatsuya Kawahara et son équipe travaillent depuis 2020 à faire “écouter” et “reparler” l’Ainu à des machines.
Leur modèle peut aujourd’hui reproduire la voix d’une conteuse âgée, avec ses silences, sa musicalité et ses hésitations si caractéristiques.
Plus loin, le projet AI Pirika propose même un chatbot interactif qui répond en Ainu. De quoi rendre la langue vivante, accessible, et presque ludique pour une nouvelle génération.
Côté traduction, des chercheurs développent aussi des modèles neuronaux capables de traduire Japonais ↔ Ainu avec une précision inespérée, ouvrant la voie à des supports pédagogiques modernes.
🌀 Une technologie… mais surtout une affaire de communauté
L’IA, si puissante soit-elle, ne peut pas tout faire. Elle ne remplacera jamais les repas partagés, les chants autour du feu, les discussions spontanées.
Les experts sont clairs : ces technologies doivent être créées par et pour la communauté Ainu, afin d’éviter une énième appropriation culturelle où la langue devient un gadget touristique.
La résurrection de l’Ainu ne sera pas un simple “copier-coller” du passé. Elle renaîtra hybride, augmentée, remixée par la technologie et la créativité des jeunes Ainu.
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