Le faible taux d’adoption d’enfants au Japon résulte d’une combinaison de facteurs culturels, administratifs et sociaux profonds.
Avec très peu d’enfants adoptés comparé à d’autres pays développés, le Japon présente une situation unique en matière d’adoption.
En 2021, seuls 693 enfants ont été adoptés, soit à peine plus de 1 % des enfants vivant dans les orphelinats et institutions du Japon alors qu’ils étaient près de 80 000 adultes adoptés !
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Ces chiffres contrastent fortement avec ceux de pays occidentaux comme l’Australie, où le taux d’adoption d’enfants atteint 90 % ! Alors pourquoi si peu d’enfants trouvent-ils un foyer au Japon ?
Des Obstacles Administratifs
L’une des principales raisons de ce faible taux d’adoption des enfants nippons est la position de l’administration japonaise qui accorde une grande importance aux droits des parents biologiques.
Au Japon, même si les parents biologiques ont abandonné leur enfant, ils conservent la garde légale. Cela signifie que, même si l’enfant est pris en charge par l’État, ce sont les parents qui ont le dernier mot sur l’avenir de l’enfant…
Et ces parents préfèrent souvent envoyer leurs enfants dans des orphelinats plutôt que de les confier à des familles d’accueil ou de les faire adopter. L’intérêt des parents est considéré comme plus important que celui de l’enfant.
Des Enfants Souvent Jugés « à problèmes »
En 2011, le gouvernement japonais a pourtant introduit les « Lignes directrices pour le placement chez les parents d’accueil », stipulant que les centres de guidance infantile doivent envisager en priorité le placement en famille d’accueil avant de recourir aux institutions.
Cependant, cette règle est souvent ignorée, en particulier lorsque les enfants sont jugés avoir des « problèmes psychologiques importants ».
Ces enfants sont souvent envoyés dans des institutions où ils risquent de voir leurs problèmes s’aggraver en raison du manque d’un environnement familial stable et de l’absence de relations humaines appropriées.
Les dernières statistiques gouvernementales montrent qu’environ 1/4 des enfants vivant dans des institutions au Japon ont un handicap ou une condition médicale, des troubles du langage ou des troubles du développement.
Les Orphelinats Peuvent Être Lucratifs au Japon
Un autre obstacle majeur à l’adoption au Japon est lié aux pratiques des orphelinats où les institutions sont financées par le gouvernement en fonction du nombre d’enfants qu’elles accueillent.
Ainsi, plus elles admettent d’enfants et les gardent longtemps, plus elles reçoivent de fonds. Cela crée un conflit d’intérêts, où l’objectif de garder les enfants hors des familles devient une question de survie financière pour ces établissements.
Heureusement, certaines régions du Japon adoptent une approche plus centrée sur l’enfant. Par exemple, les préfectures de Fukuoka et d’Oita ont vu une augmentation significative du nombre d’enfants placés en famille d’accueil.
Contraste avec l’Adoption d’Adultes au Japon
En contraste, l’adoption d’adultes est une pratique très répandue au Japon, avec environ 80 000 cas par an. Cette tradition s’explique par plusieurs facteurs.
L’un des principaux moteurs de l’adoption d’adultes au Japon est la transmission du patrimoine familial. Dans de nombreuses familles japonaises, en particulier celles qui possèdent une entreprise, il est vital de garantir la pérennité des activités professionnelles.
Lorsque la famille n’a pas de descendants directs aptes à reprendre les rênes, l’adoption d’un adulte compétent devient une solution privilégiée. Cela permet de maintenir la prospérité de l’entreprise et de préserver les acquis familiaux. D’ailleurs il n’est pas étonnant que plus de 90% des personnes adoptées soient des hommes adultes, généralement âgés de 20 à 30 ans.
Dans la culture japonaise, la continuité de la famille et la stabilité du chef de famille priment souvent sur les liens de sang. L’adoption d’un adulte, souvent un gendre ou un collaborateur proche, permet de s’assurer que les valeurs familiales et les traditions sont perpétuées.
Face au déclin démographique, de nombreuses familles ont des difficultés pour trouver des héritiers biologiques et l’adoption d’adultes apparaît alors comme une solution efficace pour pallier ce manque, en offrant un moyen de garantir la relève, même en l’absence d’enfants biologiques.
Un autre aspect essentiel de cette pratique est la préservation des noms de famille. Au Japon, la perpétuation des lignées familiales est d’une grande importance. Lorsque qu’une famille n’a pas d’héritiers mâles, l’adoption d’un adulte permet de maintenir le nom de famille, assurant ainsi la continuité de la lignée.
🔎 Source : hrw.org
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