La chute spectaculaire de Big Motor, la plus grande chaîne de concessionnaires automobiles du Japon a secoué l’industrie automobile nippone.
Fondée en 1976 par Hiroyuki Kaneshige, l’entreprise est restée une affaire de famille. Après des décennies de croissance modérée, Big Motor a connu une expansion rapide après l’arrivée de Kouichi Kaneshige, le fils du fondateur.
En 3 ans, l’entreprise a doublé de taille, incitant Hiroyuki à promouvoir Kouichi au poste de vice-président. Cependant, cette croissance soudaine a soulevé des questions sur les méthodes utilisées.
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L’affaire Big Motor et ses leçons doivent servir d’avertissement pour les entreprises qui sacrifient l’éthique au profit du gain. Retour sur l’histoire de Big Motor qui a sombré dans le scandale et la fraude.
Les premières révélations et scandales
En 2023, une vidéo a révélé qu’un manager de Big Motor enseignait à un employé comment crever les pneus des clients pour vendre des jeux de pneus neufs.
Cette vidéo, destinée à l’auto-formation, n’était que le début des révélations sur les pratiques frauduleuses de l’entreprise…
Des détectives en ligne japonais intéressés par les pratiques de l’entreprise ont rapidement découvert que les arbres situés devant les concessions Big Motor mouraient mystérieusement.
Une enquête officielle a révélé la présence de produits chimiques dans les sols des concessions, confirmant que Big Motor tuait intentionnellement les arbres pour améliorer la visibilité de ses véhicules… Cette stratégie a été si flagrante que même Google Maps a capturé des images incriminantes !
Une culture d’entreprise toxique
La culture d’entreprise instaurée par Kouichi Kaneshige était particulièrement toxique :
- Des témoignages d’employés ont révélé des normes de performance irréalistes, il n’hésitait pas à humilier publiquement les mauvais performants dans des discussions de groupe.
- Des pratiques de punition, comme attacher des téléphones aux têtes des employés pour les forcer à faire plus d’appels, étaient apparement courantes…
- Les employés étaient souvent contraints d’acheter des voitures sous des conditions défavorables, créant une atmosphère de pression et de peur.
- Big Motor a également été accusée d’utiliser les informations personnelles de ses clients pour annuler des rendez-vous chez des concurrents.
Le coup de grâce et la chute
Le véritable pilier du modèle économique de Big Motor était la fraude à l’assurance. En endommageant intentionnellement les véhicules et en exagérant les réparations nécessaires, l’entreprise surfacturait les compagnies d’assurance…
À ce jour, 1 275 cas de fraude à l’assurance ont été identifiés au sein de l’entreprise. L’ampleur de ces pratiques malhonnêtes a attiré l’attention du ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme nippon.
Cette pratique était facilitée par une collusion avec Sompo Japan, l’un des principaux assureurs du pays, qui fermait les yeux sur ces pratiques en échange d’un traitement préférentiel.
Lorsque les pratiques frauduleuses ont été exposées, le public et les autorités ont réagi avec indignation.
Hiroyuki Kaneshige a dû s’excuser publiquement et annoncer sa démission ainsi que celle de son fils et l’entreprise a vu ses profits chuter drastiquement, plusieurs concessions ont fermé, et des enquêtes ont été ouvertes par les autorités financières japonaises.
En conséquence du scandale, le président de Big Motor, Kaneshige Hiroyuki, a annoncé sa démission le 26 juillet 2023. Lors d’une conférence de presse, il s’est excusé publiquement pour les désagréments causés aux clients, aux compagnies d’assurance et aux autres partenaires de l’entreprise.
L’impact sur l’industrie auto nippone
Ce scandale s’inscrit dans le contexte plus large de l’industrie automobile japonaise, qui est l’une des plus importantes au monde !
La révélation des pratiques de Big Motor a entraîné une vague de scandales dans l’industrie automobile japonaise. Nextage, le deuxième plus grand concessionnaire, ainsi que Good Speed, ont également été impliqués dans des fraudes similaires. Le PDG de Sompo Japan a également démissionné après avoir admis sa complicité.
Il reste à voir quelles seront les répercussions à long terme pour l’industrie et pour la société japonaise dans son ensemble.
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