C’est une histoire de normes, de rôles genrés et de société japonaise en grande transition. Décryptons cela ensemble.

Le cliché du célibataire libre et heureux ne tient pas partout. Au Japon, c’est même l’inverse : les hommes seuls figurent parmi les plus malheureux du monde. Mais spoiler alert : ce n’est pas seulement une question de love story.
📉 Célibataires et déprimés : le cas japonais
Les chiffres sont éloquents : en 1980, seuls 2 % des hommes japonais de 50 ans étaient célibataires. En 2020 ? Ils sont plus de 25 %. Chez les femmes aussi, le célibat progresse : 4,5 % en 1980, 16,5 % quarante ans plus tard. Une évolution qui reflète un changement profond dans la société japonaise.
Mais cette tendance au célibat ne rime pas toujours avec liberté ou épanouissement, surtout pour les hommes. Une étude relayée par Newsweek Japan révèle que 38 % des hommes célibataires au Japon se disent malheureux — un record mondial.
🙅♂️ Ce n’est pas le célibat… c’est la société japonaise
Ce qui choque dans les chiffres ? Les femmes célibataires, elles, vont plutôt bien. En fait, elles sont souvent plus heureuses que leurs homologues mariées. Le mariage, au Japon, semble peser lourd sur les épaules féminines : gestion du foyer, charge mentale, attente de dévotion totale… Un modèle patriarcal qui ne fait plus rêver.
Résultat ? Beaucoup de Japonaises choisissent de ne pas se marier, et elles en retirent un sentiment de liberté et d’autonomie. À l’inverse, les hommes célibataires regrettent souvent un mode de vie où l’épouse assurait confort et stabilité. Une nostalgie qui révèle un profond déséquilibre.
Autre donnée troublante : au Japon, les hommes divorcés ont un risque de suicide plus élevé, tandis que pour les femmes, divorcer réduit ce risque. Quitter leur mari les sauve littéralement. Pourquoi ? Parce qu’elles échappent à une vie d’effacement et de sacrifices. Le mariage, dans sa forme traditionnelle, apparaît comme un enfermement plus qu’un partenariat.
🧠 Amour, attentes et politique
Cette crise du bonheur chez les hommes célibataires ne peut se comprendre sans regarder les normes sociales en jeu. Les rôles genrés au Japon sont encore profondément ancrés : homme actif, femme au foyer. Mais ce modèle s’effrite, et les femmes refusent de sacrifier leur bien-être à une structure qui ne les sert plus.
L’amour devient alors une affaire politique. Tant que le mariage sera vécu comme une contrainte pour les femmes, elles le fuiront. Et tant que les hommes attendront qu’on revienne à « avant », ils resteront seuls… et tristes.
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