Les “女性専用駐車場” (parkings réservés aux femmes) existent au Japon depuis les années 1980.
On les repère tout de suite : places peintes en rose, proches des entrées, bien éclairées, parfois plus larges que les autres.
Leur première apparition ? Dans les parkings de grands magasins, désireux d’attirer une clientèle féminine en quête de sécurité et de confort.
Dans la capitale, un exploitant explique avoir créé 35 places élargies « pour faciliter le stationnement aux femmes peu habituées à conduire », assumant une logique double : réduire le stress de conduite et renforcer la sécurité, surtout la nuit.
👩🍼 Les besoins des femmes et la logique derrière ces parkings
Les chiffres montrent que la demande n’est pas seulement symbolique. Une enquête menée en 2023 par la société Agoora révèle que 76,2 % des femmes interrogées disent avoir du mal à se garer, contre 55,6 % des hommes. Le fossé est clair : les femmes expriment davantage de besoin en matière de confort, de sécurité et de praticité dans les infrastructures de stationnement.
Les parkings réservés aux femmes ne sont pas qu’une affaire de peinture rose : ils sont aussi pensés en termes de design. Certaines places mesurent 2,7 mètres de large contre 2,5 pour les standards, permettant de mieux ouvrir les portières ou de sortir une poussette sans difficulté. Leur emplacement, proche des entrées et sous des éclairages puissants, réduit à la fois la fatigue et le risque d’agression. On comprend alors que ces espaces ne relèvent pas seulement d’une question de conduite, mais d’une réflexion sur le quotidien des femmes.
Pourquoi ça énerve certains ?
Ces places ne font pourtant pas l’unanimité. Certains hommes dénoncent une “discrimination inversée”, estimant injuste que les femmes bénéficient de places plus larges et mieux situées. D’autres craignent qu’elles entretiennent le cliché des “mauvaises conductrices” et renforcent des stéréotypes sexistes déjà bien ancrés. Enfin, certains estiment que la difficulté à se garer dépend de la personne, pas du genre, et proposent des alternatives neutres comme des places pour débutants ou pour conducteurs peu confiants.
De leur côté, beaucoup de femmes défendent ces parkings, mettant en avant leur côté pratique et sécurisant. Certaines témoignent qu’elles se sentent plus sereines en rentrant tard le soir, d’autres apprécient simplement la largeur supplémentaire qui facilite la vie avec des enfants. En toile de fond, le débat rejoint d’autres dispositifs propres au Japon, comme les wagons réservés aux femmes pour lutter contre le harcèlement sexuel dans les transports, ou les réductions spéciales “ladies’ day” dans les cinémas et les karaokés. Dans tous les cas, la même tension persiste : protéger et encourager la consommation féminine, sans tomber dans le piège du sexisme institutionnalisé.
🎓 L’avis d’un spécialiste en études de genre
Pour Sechiyama Kaku, professeur à l’Université de Tokyo :
“En tant que service privé, ça ne pose pas vraiment de problème. Ceux qui n’y ont pas accès n’ont pas un désavantage énorme. Mais si une collectivité publique faisait la même chose, là oui, la question de l’égalité garantie par l’Article 14 de la Constitution pourrait se poser.”
👉 En clair : ok dans le privé, borderline dans le public.
Voilà donc un banal rectangle de bitume peint en rose… qui concentre toutes les contradictions d’un pays encore en chantier sur la question du genre.
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