đŸ‘¶ Death Stranding : Replonger dans le grand bazar apocalyptique de Kojima (avant Death Stranding 2)

Avant de nous jeter dans la plongée existentielle que promet le maßtre du jeu narratif : petit retour sur Death Stranding premier du nom.

Death Stranding 2 histoire

Ça y est, les fans d’Hideo Kojima ont dĂ©jĂ  les yeux rivĂ©s sur Death Stranding 2 : On the Beach !

Et Death Stranding 1er du nom c’Ă©tait une expĂ©rience sans comparaison : entre ses mĂ©caniques de livraison hallucinantes, ses thĂ©matiques philosophiques pas piquĂ©es des hannetons et un casting AAA incarnĂ© par Norman Reedus, Mads Mikkelsen et LĂ©a Seydoux, cette premiĂšre odyssĂ©e a mis un sacrĂ© coup de pied dans la fourmiliĂšre vidĂ©oludique.

Avec Death Stranding, Kojima n’a pas simplement pondu un “jeu”. Il a offert un manifeste philosophique, un trip sensoriel, un OVNI qui fusionne game design expĂ©rimentat, grande fresque audiovisuelle et reflexive. Avant de vous lancer dans la suite, il est donc vivement recommandĂ© de revisiter cette premiĂšre virĂ©e entre vie et mort, entre espoir et fatalitĂ©.

On recharge donc nos batteries, on chausse nos bottes high-tech et on repart pour un tour Ă  travers un monde oĂč les frontiĂšres entre la vie et la mort n’ont jamais Ă©tĂ© aussi floues !

L’Ère du Death Stranding : le jour oĂč tout est parti en vrille

La rupture cosmique (vraiment) originelle

Ici, on ne parle pas juste de gros cataclysme random, mais d’un Ă©vĂ©nement qui bouleverse la nature mĂȘme de la rĂ©alitĂ© : le Death Stranding. En un claquement de doigts – ou plutĂŽt une collision entre matiĂšre et antimatiĂšre chirale – le monde s’est scindĂ©, provoquant des Voidouts, ces explosions cheloues qui vaporisent tout sur des kilomĂštres. Ajoutez Ă  ça les fameuses averses de Timefall qui accĂ©lĂšrent le vieillissement de tout ce qui vit (ou presque), et vous obtenez des paysages Ă  la fois sublimes et terrifiants, oĂč la nature fait du fast-forward de façon incontrĂŽlĂ©e.

Les derniers humains encore debout se terrent dans des citĂ©s-relais hyper sĂ©curisĂ©es, tandis que d’autres, plus solitaires (les fameux preppers), prĂ©fĂšrent le mode “survie en sous-sol”. Cela pose direct la question : doit-on se serrer les coudes pour rebĂątir ensemble ou jouer la carte de l’isolement total ? Un dilemme d’autant plus pesant que les ÉchouĂ©s – ces Ăąmes errantes collĂ©es entre deux mondes – rĂŽdent en permanence pour nous rappeler que la frontiĂšre entre la vie et la mort est dĂ©sormais un colosse aux pieds d’argile.

La révolution du Réseau Chiral

Heureusement, Bridges a sorti la carte “connexion 5G +++” en dĂ©ployant le RĂ©seau Chiral, un systĂšme de communication quantique fonctionnant grĂące au chiralium. Ce rĂ©seau unifie les citĂ©s-relais et permet la transmission instantanĂ©e des donnĂ©es, ce qui ne manque pas d’évoquer nos propres dĂ©fis IRL pour crĂ©er un Internet mondial, toujours plus rapide, toujours plus vaste. Dans Death Stranding, c’est Sam Porter Bridges qui se coltine le boulot de facteur galactique, installant ce RĂ©seau Chiral Ă  travers le continent comme un marathonien de l’extrĂȘme.

Petite subtilitĂ©, les Q-pidons – ces jolis pendentifs mĂ©ga high-tech – ne sont pas qu’un accessoire stylĂ©. En plus d’ĂȘtre une clĂ© vers le Beach (cet entre-deux flippant entre la vie et la mort), ils symbolisent aussi le potentiel dĂ©rapage de la technologie : quand la connexion se retourne contre nous et qu’une avancĂ©e chirale peut devenir un poison existentiel. Tout ça sous l’égide de Bridget Strand, la prĂ©sidente mythique dont les intentions se rĂ©vĂšlent nettement plus tordues que prĂ©vu.

Portraits de famille (pas) trÚs équilibrés

Sam Porter Bridges, héros malgré lui

On pourrait s’attendre Ă  l’éternel soldat increvable, mais Kojima nous livre un protagoniste un brin plus cassĂ© que la moyenne. Sam est dotĂ© du DOOMS, lui permettant de sentir la prĂ©sence des ÉchouĂ©s, et il porte un passĂ© personnel lourd comme un container XL. Sa relation quasi filiale avec BB-28 (son Bridge Baby) est un pilier du jeu : calmer les pleurs du bĂ©bĂ© en secouant dĂ©licatement sa capsule, ça n’a l’air de rien, mais c’est un vrai lien Ă©motionnel qui se tisse. Et que dire de sa capacitĂ© de RapatriĂ©, qui le fait revenir Ă  la vie aprĂšs chaque mort ? Ça fait trĂšs “Christ nouvelle gĂ©nĂ©ration” qui traĂźnerait ses propres dĂ©mons dans des limbes franchement bizarroĂŻdes.

Clifford Unger, ou le pĂšre qui hante vos cauchemars

IncarnĂ© par l’inĂ©narrable Mads Mikkelsen, Clifford Unger est le soldat qui ne meurt jamais vraiment. PiĂ©gĂ© dans une boucle temporelle sur diffĂ©rents champs de bataille historiques, il nous apparaĂźt sous forme de combats oniriques, toujours flanquĂ©s de ses zombies-soldats. On apprend au fil de l’aventure qu’il est liĂ© par le sang Ă  Sam – oui, un twist familial qui retourne le cerveau. Avec Cliff, chaque fusillade au fond d’un Beach apocalyptique devient une plongĂ©e dans la mĂ©moire collective des guerres de l’humanitĂ©.

Amelie/Bridget Strand, ou la schizophrénie cosmique

D’un cĂŽtĂ©, Bridget, la prĂ©sidente malade. De l’autre, Amelie, sa “fille” en apparence, enlevĂ©e et introuvable. La vĂ©ritĂ© ? Il s’agit d’une seule et mĂȘme personne, scindĂ©e en deux par le Death Stranding originel. Bridget/Amelie est l’agent d’extinction par excellence, censĂ© dĂ©clencher la SixiĂšme Extinction de Masse. Kojima pousse ici la notion d’autorĂ©gulation planĂ©taire un cran plus loin, Ă©voquant directement les thĂ©ories GaĂŻa de James Lovelock.

Quand le gameplay dit (aussi) quelque chose sur la vie

La logistique, c’est la vie

Le cƓur de Death Stranding, c’est transporter des paquets Ă  dos d’homme (ou de moto, voire de camion), le tout dans des zones infestĂ©es d’ÉchouĂ©s et balayĂ©es par le Timefall. Dit comme ça, ça a l’air d’une corvĂ©e. Mais en pratique, c’est un vrai trip philosophique. On empile nos caisses, on vĂ©rifie le poids total, on scrute les pentes abruptes sur la carte
 Chaque livraison devient un petit exploit, un acte de rĂ©sistance face Ă  l’entropie.

Cerise sur le gĂąteau, le jeu encourage la coopĂ©ration en ligne : on peut construire des routes, des tyroliennes ou des abris que les autres joueurs utiliseront. On like, on partage, on s’entraide. En clair, on se reconnecte dans un monde oĂč l’isolation se pose comme alternative.

BB-28 : émotion + gameplay = révolution

Le BB, c’est un dĂ©tecteur d’ÉchouĂ©s qui a, mine de rien, une importance dramatique dans l’histoire : c’est le bĂ©bĂ© de Cliff, “couvĂ©â€ dans une capsule. Ce petit ĂȘtre fragile ne fait pas juste biper quand un monstre approche, il faut aussi le cajoler, le bercer. Death Stranding nous force ainsi Ă  prendre soin de ce partenaire inattendu. Et le twist final (coucou, Lou) renverse toute la dynamique : la frontiĂšre entre objet de gameplay et vĂ©ritable personnage vole en Ă©clats.

Le Beach : la plage qui fait flipper

Lieu de transition, espace liminal, le Beach est une dimension Ă  la fois dĂ©sincarnĂ©e et saturĂ©e de symboles. C’est lĂ  que s’opposent Sam et Higgs dans des affrontements qui ressemblent plus Ă  des combats de volontĂ©s qu’à de la pure action. On y croise des vestiges de guerres passĂ©es, des ocĂ©ans renversĂ©s, et chaque personnage y a sa propre “version” du rivage. Bref, un terrain de jeu ultra-mĂ©taphorique que Kojima utilise pour explorer (et exploser) les notions de rĂ©cit collectif.

Les grandes questions existentielles : le cƓur qui bat sous la carapace

Se connecter ou s’isoler ?

Toute la mĂ©canique du jeu souligne la puissance de la coopĂ©ration. Pourtant, il existe toujours cette tentation de se renfermer : bunkers, prĂ©ppers qui vivent reclus, technologies capables d’amplifier la solitude. D’un autre cĂŽtĂ©, vous avez Higgs et ses Homo Demens qui veulent prĂ©cipiter la fin du monde. Le message est clair : dans un univers oĂč tout semble foutu, la connexion reste un acte de foi
 et de rĂ©sistance.

Le temps, ce grand méchant

Le Timefall et son vieillissement accĂ©lĂ©rĂ© nous renvoient Ă  nos angoisses les plus profondes : celle de la mort qui arrive trop vite, du temps qui nous file entre les doigts. Les flashbacks de Cliff, emprisonnĂ©s dans des boucles historiques, font Ă©cho Ă  l’idĂ©e d’un temps cyclique. Kojima pioche lĂ -dedans pour un rendu quasi bergsonien : la temporalitĂ© subjective versus l’horloge cosmique.

Extinction (et Ă©cho Ă©cologique)

Les pluies chiraliennes, les plages jonchĂ©es de baleines mortes, les Voidouts Ă  rĂ©pĂ©tition
 tout ça ne peut qu’évoquer nos prĂ©occupations Ă©cologiques actuelles. La “SixiĂšme Extinction” du jeu, c’est un miroir grossissant de notre crise climatique. Sauf qu’ici, la solution n’est pas une guerre frontale contre la nature, mais la reconstruction patiente d’un lien humain et technologique, assez solide pour ne pas tout faire pĂ©ter.

En attendant Death Stranding 2 : ce qui nous attend au crépuscule

Les mystĂšres toujours en suspens

Le premier opus a laissĂ© quelques bombes scĂ©naristiques non rĂ©solues : qu’est-il advenu des autres BBs ? Les ÉchouĂ©s vont-ils se dissiper ou muter aprĂšs la mise en place du RĂ©seau Chiral ? Quel rĂŽle jouera Fragile Ă  l’avenir ? Et surtout, oĂč nous mĂšnera rĂ©ellement l’intrigue autour de ces entitĂ©s d’extinction ? Kojima a bien teasĂ© qu’il nous restait des choses Ă  dĂ©couvrir.

Des pistes technologiques
 et plus si affinités

Death Stranding 2 : On the Beach suggĂšre une mise Ă  jour du RĂ©seau Chiral, voire une ouverture vers d’autres planĂštes (et pourquoi pas d’autres galaxies). Les rumeurs parlent de civilisations extraterrestres ayant vĂ©cu leur propre Death Stranding. On a aussi vu des teasers d’environnements dĂ©sertiques, ce qui pourrait signifier un bond dans l’espace, une dimension parallĂšle, ou un aprĂšs-cataclysme encore plus extrĂȘme.

L’ADN philosophique intact

Si le premier jeu tournait autour de la nĂ©cessitĂ© de se reconnecter, le sous-titre On the Beach (clin d’Ɠil au roman post-apocalyptique de Nevil Shute) laisse entrevoir un thĂšme plus centrĂ© sur “l’aprĂšs”. Qu’est-ce qu’on fait quand tout est (encore) foutu ? Kojima, fidĂšle Ă  lui-mĂȘme, pourrait creuser les questions de transhumanisme chiral, de rĂ©incarnation quantique ou de colonisation extra-terrestre. Mais toujours dans ce mĂ©lange de fascination technologique et d’angoisse.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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