Le katori buta nâest pas juste un anti-moustiques : câest un rituel dâĂ©tĂ©. On lâallume au crĂ©puscule, la fumĂ©e sâĂ©lĂšve dans lâair chaud.

LâĂ©tĂ© japonais, câest une ambiance unique : lâair chaud et humide, le chant obstinĂ© des cigales, la fraĂźcheur juteuse dâune pastĂšque, un Ă©ventail uchiwa qui claque doucement⊠et, posĂ© sur le rebord en bois dâun engawa, un petit cochon en terre cuite qui laisse Ă©chapper un fin filet de fumĂ©e.
Ă lire aussi sur dondon.media : đ„ąNos Menus Typiques par PrĂ©fecture : DĂ©couvrez les Saveurs Authentiques du Japon
Ce cochon-lĂ a un nom : katori buta (èćăè±) â littĂ©ralement âle cochon qui attrape les moustiquesâ. Vieillot ? Oui. Kitsch ? ComplĂštement. Mais indispensable ? Absolument.
đż Un cochon, un encens⊠et la magie opĂšre
Le katori buta, seul, ne fait pas fuir grand-chose. Son pouvoir vient du katori senkĆ (èćăç·éŠ), une spirale verte dâencens au pyrĂšthre, plante cousine des marguerites utilisĂ©e depuis lâAntiquitĂ© pour repousser les insectes.
InventĂ©e Ă la fin du XIXá” siĂšcle par EiichirĆ Ueyama, la spirale se consume lentement, libĂ©rant une fumĂ©e insecticide naturelle qui dure plusieurs heures. On la suspend Ă un petit crochet Ă lâintĂ©rieur du cochon et on laisse la magie agir, moustiques compris.
Dans les animes et dramas, une seule image du katori buta suffit Ă Ă©voquer la saison estivale. Le modĂšle classique est blanc, rehaussĂ© dâune touche de vert sur le groin ou le dos.
Aujourdâhui, les crĂ©ateurs rivalisent dâimagination : grenouilles, chats, mont Fuji, locomotives dont la fumĂ©e sort par la cheminĂ©e, pastĂšques ou maneki-neko⊠Le cochon original reste le plus nostalgique, mais ses dĂ©clinaisons amusent et sĂ©duisent toutes les gĂ©nĂ©rations.
đ Deux histoires pour expliquer⊠pourquoi un cochon
Ă Tokoname, haut lieu de cĂ©ramique et ancien fief dâĂ©levage porcin, on raconte que les moustiques attaquaient autant les humains que les cochons. On brĂ»lait alors du pyrĂšthre prĂšs des enclos, puis dans des poteries en forme de cochon, clin dâĆil Ă la ville et Ă ses troupeaux. Une autre version, plus ancienne encore, parle de feuilles de pyrĂšthre brĂ»lĂ©es dans une bouteille de sakĂ© couchĂ©e dont le goulot, Ă lâhorizontale, rappelait un groin. De lĂ , la forme emblĂ©matique serait nĂ©e.
Les katori buta artisanaux, souvent rĂ©alisĂ©s en banko-yaki â une terre cuite lĂ©gĂšre et rĂ©sistante â sont façonnĂ©s Ă la main, sĂ©chĂ©s, puis cuits pendant plus de quinze heures. Le travail est long et prĂ©cis, ce qui explique un prix plus Ă©levĂ© que pour les modĂšles industriels. Mais ils durent des annĂ©es, parfois toute une vie, et deviennent presque des membres de la famille durant lâĂ©tĂ©.
đ„ Lâart de bien sâen servir
On lâutilise idĂ©alement dehors ou prĂšs dâune fenĂȘtre ouverte, car la fumĂ©e est plus marquĂ©e quâun encens classique et doit ĂȘtre ventilĂ©e. La spirale se suspend Ă lâintĂ©rieur du cochon ou se pose Ă plat selon le modĂšle.
Une spirale complĂšte dure plusieurs heures, mais on peut la casser pour une utilisation plus courte. Certains brĂ»lent lâencens dans sa boĂźte ou sur un support moderne, mais rien ne vaut le charme et la stabilitĂ© du petit cochon.
đ„ De lâengawa Ă la pop culture
Sâil nâapparaĂźt pas directement dans Porco Rosso, le lien entre cochon, chaleur et ciel dâĂ©tĂ© est bien ancrĂ© dans lâimaginaire japonais. On retrouve le katori buta dans des clins dâĆil humoristiques, des versions kawaii et des dĂ©tournements pop-culture qui continuent de le faire vivre en 2025.
Le katori buta est durable, loin des gadgets en plastique jetables. Il apporte une atmosphÚre unique avec sa silhouette ronde, ses volutes de fumée et son parfum herbacé.
Il reste efficace grĂące au pyrĂšthre, insecticide naturel Ă©prouvĂ©. Et il incarne Ă lui seul un pan entier de la culture estivale japonaise, au mĂȘme titre que lâuchiwa ou la pastĂšque.
đ Pour ne rien rater de lâactualitĂ© du Japon par dondon.media : suivez-nous via Google ActualitĂ©s, X, E-mail ou sur notre flux RSS.