On se propose de plonger ensemble dans les coulisses de cette transformation, et de réfléchir à ses impacts bien réels.

Le Japon a toujours fasciné le monde entier. Ses cerisiers en fleurs, ses néons hypnotiques, ses traditions millénaires… Mais aujourd’hui, l’intelligence artificielle (IA) vient brouiller encore un peu plus cette image déjà idéalisée. À coup de créations visuelles spectaculaires — et parfois trompeuses — elle redessine un Japon qui n’existe que dans nos têtes (et sur nos écrans).
Depuis des décennies, le Japon nourrit l’imaginaire collectif. On l’a présenté tour à tour comme une terre mystique, un paradis technologique, ou encore un royaume pop ultra kawaii. Mais l’arrivée massive de l’IA, et notamment des contenus appelés « AI slop » (ces images générées en masse sans réel contrôle), a brouillé la frontière entre fiction et réalité.
Ces visuels étranges — presque crédibles — transforment les clichés en « vérités » acceptées. Entre montages fantasmagoriques et deepfakes sophistiqués, le Japon devient un décor globalement cohérent… mais profondément faux.
🎨 Trop beau pour être vrai
Quand on pense au Japon, on imagine souvent des sakuras en pleine floraison, des ruelles illuminées de néons, ou encore des trains futuristes filant à toute allure. L’IA adore ces images : elle les amplifie, les recycle et les réinvente à l’infini.
Ces créations remportent des milliers de likes, alimentant un fantasme collectif. Mais derrière ces visuels poétiques, on oublie la réalité : sur-tourisme, défis environnementaux, urbanisme complexe…
À force, le Japon devient un parc d’attractions virtuel où tout est parfait — sauf que rien n’est vrai.
La créativité japonaise est mondialement reconnue. Pourtant, même au Japon, l’IA provoque une crise sans précédent. En 2023, le site The HEADLINE a dû supprimer 49 articles rédigés par IA, jugés creux et éthiquement douteux.
Un autre phénomène prend de l’ampleur : la « Ghiblisation » d’images. En quelques clics, une photo de famille ou un portrait de politicien peut être transformé dans le style doux et poétique de Studio Ghibli. Problème ? Ce style n’est ni autorisé ni respecté.
Hayao Miyazaki, le maître derrière Ghibli, a d’ailleurs qualifié l’IA d’« insulte à la vie ». Des questions juridiques émergent : l’IA peut-elle être tenue responsable d’usurper un style artistique ? Le débat est ouvert.
Au-delà des fantasmes, l’IA peut devenir dangereuse. En 2022, un faux visuel montrant des inondations massives à Shizuoka après un typhon a été partagé plus de 6 000 fois avant d’être démasqué.
Face à ces menaces, le gouvernement japonais investit massivement (6 milliards de yens, soit environ 40 millions de dollars) pour développer des outils de détection de deepfakes. Mais la technologie avance plus vite que les régulations.
Entre confusion et panique, ces fausses images peuvent mettre des vies en danger — un rappel brutal du pouvoir toxique de la désinformation.
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