🎭 Symbol : l’étrange odyssée d’Hitoshi Matsumoto

Certains films défient tellement notre perception qu’ils nous laissent interdits, à la fois fascinés et déconcertés. Symbol est de ceux-là.

Symbol d'Hitoshi Matsumoto

Entre absurde total et expérimentation sensorielle, cette œuvre hybride nous invite à un voyage où logique et narration classique sont volontairement mises à l’épreuve.

🌀 Un labyrinthe onirique en deux actes

Symbol se présente comme un double récit qui, à première vue, semble n’avoir aucun lien direct.

D’un côté, une chronique sociale ancrée dans la réalité : nous suivons le quotidien d’un catcheur vieillissant surnommé Escargot Man, en proie à des difficultés familiales et à un avenir incertain. Son histoire, réaliste et terre-à-terre, pourrait presque faire l’objet d’un drame intimiste.

De l’autre, un huis clos surréaliste : un homme en pyjama à pois (incarné par Matsumoto lui-même) se réveille dans une immense pièce blanche, dénuée de toute logique apparente, à l’exception d’innombrables sexes d’angelots incrustés dans les murs. À chaque pression sur ces mystérieux appendices, des événements imprévisibles se déclenchent.

Dès les premières minutes, le film déstabilise. Matsumoto joue les illusionnistes et nous promène entre ces deux univers avec une maîtrise jubilatoire, brouillant volontairement les pistes et les attentes du spectateur.

🤹‍♂️ Une fantaisie burlesque et millimétrée

Dans la partie la plus absurde du film, l’homme en pyjama se retrouve à expérimenter un enchaînement de situations de plus en plus loufoques, déclenchées par les boutons qui l’entourent. Chaque pression donne lieu à une conséquence inattendue : des objets apparaissent, des sons retentissent, et des événements absurdes s’enchaînent avec une logique qui échappe à toute raison…

Matsumoto ne se contente pas de faire rire. Derrière la mécanique du gag se cache une précision redoutable : chaque élément est chorégraphié avec un soin quasi mathématique, créant une sorte de ballet du chaos où tout semble aléatoire mais répond pourtant à une logique interne implacable.

Le spectateur rationnel risque de décrocher, cherchant désespérément un sens caché. Pourtant, la clé pour apprécier Symbol réside dans le lâcher-prise. Il ne faut pas chercher à expliquer, mais à ressentir. Comme face à une peinture abstraite, il suffit de se laisser porter par les sensations qu’elle procure.

🎨 Le minimalisme visuel au service de l’imaginaire

Sur le plan esthétique, Symbol joue sur un contraste frappant entre ses deux univers.

  • L’univers blanc et épuré du protagoniste japonais évoque une toile vierge, où chaque élément qui surgit devient une nouvelle couche de signification. L’absence de repères visuels renforce le caractère absurde et expérimental de la mise en scène.
  • Le Mexique, en revanche, est filmé avec un réalisme quasi documentaire. Les décors poussiéreux, la routine pesante du catcheur et la banalité du quotidien forment un contrepoint parfait à la folie du huis clos japonais.

Ce grand écart stylistique donne au film un rythme unique, comme une oscillation constante entre rêve et réalité. Et c’est précisément dans ce déséquilibre que Symbol trouve toute sa puissance.

🔎 Un sens caché… ou l’absence de sens ?

Faut-il absolument chercher une interprétation philosophique ou mystique à Symbol ? Certains spectateurs y verront une métaphore sur le destin, d’autres une réflexion sur la création artistique ou encore un simple délire dadaïste.

Matsumoto lui-même ne donne pas de réponse claire. Comme souvent dans ses films, il joue avec notre besoin de rationalité et nous pousse dans nos retranchements. L’erreur serait de vouloir disséquer chaque détail pour en tirer un message unique.

L’expérience de Symbol est avant tout sensorielle : il nous ramène à l’état d’enfant émerveillé, celui qui ne cherche pas à expliquer mais simplement à s’amuser de ce qui se déroule sous ses yeux.

Il est évident que Symbol ne plaira pas à tout le monde. Certains y verront une expérience absurde sans queue ni tête, tandis que d’autres y discerneront une œuvre géniale, une audace cinématographique rare.

Alors, si vous êtes prêt à abandonner toute logique et à plonger dans un tourbillon d’inattendu, Symbol est une expérience que vous n’oublierez pas !

🚨 Ne manquez pas les derniers articles dondon.media sur le Japon : sur Google Actualités, X, E-mail ou via notre flux RSS.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *