Depuis plusieurs mois les investisseurs japonais réduisent drastiquement leur exposition à la dette française.

Zoom sur ce phénomène qui marque une rupture avec une relation historique et pose des questions sur la stabilité économique de la France et son impact sur l’ensemble de la zone euro.
📉 Un désengagement massif et inédit
En juillet 2024, les investisseurs japonais ont cédé pour 1 320 milliards de yens (円) environ 9,2 milliards d’euros environ d’obligations d’État françaises. Il s’agit du plus important mouvement de vente depuis plus de quatre ans. Ce retrait n’est pas anodin : il traduit une réévaluation stratégique des portefeuilles nippons, qui privilégient désormais des actifs jugés plus stables ou plus rémunérateurs.
Cette décision soulève une question clé : pourquoi la dette française perd-elle son attrait auprès d’un investisseur aussi important que le Japon ?
🔍 Les raisons du désintérêt japonais
1️⃣ Un durcissement de la politique monétaire japonaise
Après des années de taux d’intérêt négatifs, la Banque du Japon (日本銀行, Nippon Ginkō) a amorcé une normalisation de sa politique monétaire. En janvier 2025, elle a relevé son taux directeur à 0,5 %, une première depuis 2008.
Les obligations japonaises deviennent plus attractives pour les investisseurs locaux, réduisant leur besoin de chercher du rendement à l’étranger, notamment en France.
2️⃣ Une instabilité économique et politique en France
La France traverse une période délicate :
- Déficit public en hausse : il a atteint 5,5 % du PIB en 2023, poussant l’agence de notation S&P Global Ratings à dégrader la note souveraine du pays.
- Tensions politiques : des élections législatives anticipées ont accru l’incertitude, compliquant la mise en place de réformes budgétaires cruciales.
Résultat : les investisseurs perçoivent un risque plus élevé et cherchent des alternatives plus sûres.
3️⃣ Une concurrence accrue sur le marché obligataire
Historiquement, la dette française attirait pour son bon rendement et sa stabilité, surtout comparée à des obligations allemandes moins rémunératrices. Mais aujourd’hui, avec la montée des taux d’intérêt et la volatilité des marchés, d’autres options deviennent plus attractives.
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Le Japon préfère désormais des obligations américaines ou domestiques offrant un meilleur rendement/risque.
⚠️ Conséquences pour la France et l’Europe
Ce retrait japonais n’est pas un simple ajustement technique. Il a des implications lourdes pour la France et, plus largement, pour l’Union européenne.
Plus de la moitié de la dette française est détenue par des investisseurs étrangers. Un retrait massif peut augmenter les coûts d’emprunt et peser sur la capacité du gouvernement à financer ses projets. Si d’autres investisseurs étrangers imitent le Japon, cela pourrait accentuer la volatilité des marchés et déstabiliser la dette française.
Une perte de confiance dans la dette française pourrait donc entraîner une hausse des primes de risque sur d’autres obligations souveraines en Europe, augmentant le coût du financement pour plusieurs pays.
Ce désengagement japonais est un signal d’alarme qui dépasse les frontières françaises. Il reflète à la fois un réalignement des stratégies d’investissement asiatiques et une fragilité croissante du paysage économique européen.
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