🇯🇵 Japon : près d’1 million d’habitants en moins en 2024

Le Japon traverse une crise démographique : en 2024, l’archipel a enregistré une baisse de 900 000 habitants en une seule année.

japon 1 million d'habitants en moins en 2024

Ce chiffre glaçant révèle bien plus qu’un simple déséquilibre statistique : il traduit un bouleversement profond du modèle social japonais. Moins de naissances, plus de décès, une population vieillissante et une jeunesse en retrait…

Le Japon entre dans une ère inédite, avec une question centrale en suspens : comment survivre à sa propre disparition annoncée ?

La chute brutale de la population japonaise

Au 1er janvier 2025, le Japon comptait 120,65 millions de ressortissants, soit le chiffre le plus bas depuis plusieurs décennies. Même en intégrant les résidents étrangers, la population totale plafonne à 124,3 millions. Le déclin est net, presque mécanique : moins de 700 000 naissances enregistrées en 2024 contre plus de 1,6 million de décès. Autrement dit, les décès sont plus de deux fois supérieurs aux naissances. Le solde naturel chute de près de 919 000 personnes, creusant un fossé démographique que les politiques publiques peinent à combler.

Face à cette tendance dramatique, le gouvernement japonais a qualifié la situation d’« urgence silencieuse ». Cette expression souligne la nature insidieuse mais destructrice du phénomène. Pour y faire face, les autorités multiplient les mesures : crèches gratuites, horaires de travail aménagés, aides financières, voire même une application de rencontres développée par la ville de Tokyo pour aider les célibataires à trouver l’âme sœur.

Malgré ces efforts, la natalité continue de dégringoler, et les couples hésitent toujours à franchir le cap de la parentalité.

Mariages en recul, société en mutation

Le Japon est l’un des pays les plus conservateurs en matière de famille. Dans un pays où moins de 2 % des naissances ont lieu hors mariage, le recul des unions officielles entraîne directement une baisse des naissances. Les jeunes générations se marient de plus en plus tard, voire pas du tout. À 35 ans, près de la moitié des hommes japonais et un tiers des femmes sont toujours célibataires. Cette tendance s’explique par l’instabilité économique, le coût de la vie, l’évolution des aspirations et le refus, notamment chez les femmes, de se soumettre au modèle traditionnel d’épouse au foyer. Parallèlement, de nombreux jeunes hommes se tournent vers un mode de vie sans ambition romantique, préférant les loisirs personnels à la vie de couple.

Ce phénomène, baptisé “société sans sexe”, illustre un détachement grandissant vis-à-vis des normes familiales classiques.

Le vieillissement de la population s’accélère

Alors que les berceaux se vident, les maisons de retraite se remplissent. Le Japon est aujourd’hui l’un des pays les plus âgés au monde : près de 30 % de sa population a plus de 65 ans, et l’âge médian approche les 50 ans. Les signes de ce vieillissement massif sont visibles partout : les ventes de couches pour adultes dépassent celles pour bébés, des écoles ferment faute d’enfants, et de nombreux villages ruraux se transforment en hameaux de seniors. L’économie peine à suivre. Les systèmes de santé et de retraite sont sous pression, les secteurs en tension manquent cruellement de main-d’œuvre, et la consommation des jeunes, moteur traditionnel de croissance, s’effondre.

Pour compenser, le Japon mise sur les technologies : automatisation, robotique, exosquelettes, caisses automatiques et même robots accompagnants pour les personnes âgées.

La montée du nationalisme

Dans ce contexte de pénurie humaine, l’idée d’ouvrir les frontières gagne du terrain. Longtemps réticent à l’immigration, le Japon a discrètement assoupli ses règles ces dernières années. En 2024, on comptait environ 3,8 millions de résidents étrangers. Ce chiffre reste modeste, mais il marque un tournant pour un pays historiquement attaché à son homogénéité culturelle. Les travailleurs étrangers sont de plus en plus nombreux dans les secteurs peu attractifs pour les Japonais : BTP, agriculture, restauration. Toutefois, la politique migratoire demeure restrictive : peu de perspectives d’installation durable, un accès très limité à la nationalité, et un statut souvent précaire.

Dans ce climat de changement et d’inquiétude, un nouveau parti nationaliste, Sanseitō, gagne du terrain. Lors des élections de juillet 2025, il a réalisé une percée spectaculaire à la Chambre haute. Son discours est simple mais percutant : « Japanese First ». Il promet de stopper l’immigration, de restaurer la fierté nationale et de relancer l’économie à coup de protectionnisme et de dépenses sociales. Cette rhétorique séduit une jeunesse désabusée, en quête de repères dans un pays où le contrat social traditionnel (travail, mariage, enfants) ne semble plus fonctionner.

Vers un changement de société ?

Malgré ces tensions, le Japon n’a pas dit son dernier mot. Le pays mise fortement sur l’innovation technologique pour maintenir son niveau de vie : intelligence artificielle, robotique de service, automatisation dans les transports et le commerce. Mais la technologie ne suffira pas à faire des enfants ni à garantir une relève démographique.

Le véritable enjeu est sociétal : il s’agit de redonner espoir aux jeunes, de faciliter la parentalité, de promouvoir un meilleur équilibre entre travail et vie privée, de valoriser la place des femmes, et peut-être aussi d’accepter une immigration mieux intégrée. Ce défi est immense, mais il peut aussi être une opportunité de réinvention.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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